Maridan-Gyres

Je sors de ce restaurant étoilé, repu. Je pénètre dans le hall de ma société. Je m’assois sur le canapé en cuir rouge face à la porte d’entrée.

Il arrive,  insidieusement « le malaise ». Mes mains commencent à trembler, les bouffées d’angoisse arrivent, la peur serre mon ventre, mon cœur bat la chamade.

« Penser à un souvenir agréable, visualiser un point d’ancrage, respirer calmement... » je suis les conseils du Dr François, ce psychiatre que je vois depuis trois mois.

La calanque de Sormiou, un soir de Juillet. Le petit cabanon sous les pins. Le dîner avec nos amis marseillais (c’est moi qui l’avait préparé) j’adore cuisiner, j’aurais tellement aimé en faire mon métier !

Le rosé, les blagues après le repas bien arrosé. L’odeur iodée, le bruit des galets, la douceur d’un crépuscule d’été.

Je me détends, je m’apaise, et je me sens mieux.

J’ouvre les yeux, je fume mon cigarillo.

Je suis prêt : Conseil d’administration à 15 h en salle de réunion.

Je vais à nouveau monter sur scène, endosser mon rôle de directeur. Personnage costumé, cravate vermillon, chaussures cirées. Je vais manager avec une grande facilité une équipe de cadres dociles et formatés. Je suis le symbole de la réussite incarnée,  belle situation, belle voiture, belle maison … 

Mais ma vie est un mensonge, tout n’est qu’illusion et faux semblant. Ce n’est pas mon vrai moi, qui  suis-je ? Mon armure se fissure…

Anna