Atelier 8 - 2021 - sujet 4
L’aventure c’est de partir un matin pour une destination inconnue.
Nous sommes partis un matin, très tôt, pour aller à la rencontre de ce mont que j’avais tant convoité. J’avais lu et relu les descriptifs et bien qu’un peu hésitante j’ai finalement décidé de me lancer dans l’aventure. Certes, je savais que la journée allait être dure mais tant pis, j’étais prête et plus rien ne pouvait m’arrêter. Thierry voulait trouver un endroit pour se garer de sorte que le nombre de kilomètres soit un peu moins long que la normale.
Il est 7h30 du matin, lorsque nous arrivons à l’endroit prévu, un peu plus haut que St Agnan en Vercors. Je n’avais rien oublié, les chaussures, le sac à dos, rempli de victuailles, et les bâtons. Et nous voilà partis pour une longue, longue marche en direction du « Pas de la Ville ».
Nous empruntons un petit sentier dans la forêt et je commence à apercevoir au loin ce dôme gécolotesque, à travers les feuillages des arbres. Nous traversons la forêt pendant quelques kilomètres et voilà, qu’un immense alpage s’offre à mes yeux. Nous entrons dans la Réserve Naturelle et dans un tout autre univers. La vue est totalement dégagée, Le parterre est recouvert, d’anémone, de trolles, dryades. C’est magnifique.
Un plateau bucolique. J’entends des sifflements qui m’étaient inconnus jusqu’ici. Thierry me dit : « ce sont des marmottes ». J’essaye de les trouver mais je sais que c’est peine perdue. Elles sont trop farouches. Tout en continuant notre traversée, je les entends. J’ai l’impression qu’elles se répondent les unes et les autres.
Nous foulons ainsi l’herbe verte pendant plusieurs kilomètres. Je veux profiter de tout, du paysage des odeurs, du bruit mais Thierry me practichouille (bouscule) un peu car nous n’avons pas fais la moitié du chemin et il nous reste une belle montée à faire. Moi je préfère bagnaudasser. On quitte définitivement notre chemin forestier pour un sentier plus étroit qui va bientôt prendre de l’altitude. Les choses plus sérieuses vont alors commencer. Très vite, le décor change : finies les vertes prairies aux multiples fleurs c’est maintenant de plus en plus caillouteux.
Depuis le bas, cette montée s’annonce d’être rude avec 300 mètres de dénivelé mais en réalité les nombreux zigzags sont bien conçus permettant de monter sans trop forcer. L’ascension est accompagnée d’une superbe vue sur le Mont Aiguille et les plateaux du Vercors. Et voilà, nous atteignons le « Pas de la Ville ». Nous sommes à 1940 mètres d’altitude environ. Une vue magnifique s’offre à moi sur le plateau du Vercors et la vallée. C’est alors que Thierry me dit : « voilà ma chérie, maintenant nous faisons demi-tour ». Je lui réponds :
« Oh non, je ne suis pas venue jusqu’ici pour ne pas atteindre le principal ». Celui que j’avais tant convoité. En fait, il n’avait pas prévu d’atteindre le sommet pensant que la fatigue me gagnerait très vite. Mais non, j’étais tellement émerveillée par la vue que j’avais qu’une seule envie c’est d’arriver là haut. Nous en profitons donc pour faire une pause (un petit encas de circonstance), afin d’admirer le point de vue au « belvédère rocher », et pour souffler un peu tout en contemplant le splendide paysage. Et nous voilà reparti, on bascule sur la pente ouest du Grand Veymont. Le sentier devient rocailleux et aérien, parfois même certains passages demandent à un peu d’escalade.
Au cours de notre ascension, nous avons eu la chance de rencontrer des bouquetins qui broutaient tranquillement sans se soucier de notre présence. Une rencontre des plus magiques pour moi. Je saisi mon appareil photo et j’immortalise ce moment. Il y en a partout, à droite, à gauche, qui courent, qui sautent. Thierry me dit : « Attention où tu mets les pieds », mais je ne peux m’empêcher de continuer à les mitrailler de photos. Cette petite attraction m’a permis de faire encore une courte pause. Le sentier montre progressivement mais la crête est une suite d’antécimes. Après l’avoir longé pendant 45 minutes, je le vois, il est à la portée de main ! Encore quelques mètres, et voilà, j’atteins enfin le sommet. (2341 m). J’ai l’impression d’être sur le toit du monde. Sa pente herbeuse, son vide, ses abris de pierres, c’est impressionnant. La vue au sommet du Grand Veymont est sensationnelle ! C’était féeriblimeux (féerique). Une vue imprenable sur un panorama à 360° de toute beauté : les Hauts Plateaux du Vercors jusqu’aux Trois Becs, le Mont Aiguille à nos pieds, le Dévoluy, l’Obiou, le Grand Ferrand, l’Oisans, les Ecrins, la Chaine de Belledonne, et tout au fond on pouvait apercevoir le Mont Blanc. Toutes ces montagnes, je connaissais leur nom car Thierry les avaient arpenter. Mais là, je les voyais. Je photographie le paysage, tel un professionnel, pour ne louper aucune image.
Une longue pause est la bienvenue. Bien qu’il y ait beaucoup de monde, il y a assez d’étendue pour trouver sa place sans se marcher dessus. J’aperçois un vol de vautours au dessus de nos têtes, un vrai ballet royal. Les Chocards eux s’impatientent. Ils attendent de passer derrière notre pique nique sommital.
Après 1h30 de pause, nous prenons le chemin du retour qui était encore long. Direction le « Pas des Chattons. Longue descente avec quelques lacets. Je me retourne de temps à autre pour regarder ce « monstre » que je laissais derrière moi. Je varidule dans l’oreille de Thierry, pour lui exprimer mon plaisir de m’avoir permis de réaliser mon rêve. Nous nous posons quelques minutes au Pas des Chattons pour admirer une dernière fois le vol des vautours. Nous entamons une longue marche sur le plateau en direction de notre point de départ. Le soleil commençait à se coucher mais je ne pouvais pas m’empêcher de me retourner pour l’admirer une dernière fois. Nous traversons cette immense prairie remplie de Lys Martagon. La fatigue commence à se faire sentir mais je ne dis rien je continue, des souvenirs plein la tête. Il est 19h lorsque nous arrivons à la voiture. Au compteur : 17 km et plus de 900 mètres de dénivelé. Youpie, je l’ai faite, c’est engaroufiant.
Nanou
Mot du dictionnaire
Bagnaudasser : flaner
Engaroufiant : fantastique époustouflant
Variduler : Murmurer de douces mélopées à l’être aimé
Mots que j’ai inventés.
Féeriblimeux : féerique, sublime, merveilleux
Practichouiller : presser, activer, bousculer, faire se dépêcher.
Gécolotesque : gigantesque, géant, colossal
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 487 autres membres