Maridan-Gyres

La vie après les spatules !

Un accident de ski m’avait laissé des séquelles importantes : une fragilité telle au niveau des genoux que je ne pourrais plus jamais appuyer sur mes articulations pour gagner en vitesse et suivre la trajectoire parfaite. Cela signifiait donc l’arrêt des compétitions. Cela signifiait ne plus gagner en grand Prix. Une convalescence forcée dans mon petit bourg de montagne me laissait exsangue, sans force et surtout sans moral. C’était sans compter sur le soutien sans faille des villageois qui veillaient à ce que je ne manque de rien, surtout pas d’argent pour les soins importants que je devais suivre.

Un matin, le Drôlafet, jamais à court d’idée, réunit l’ensemble de la communauté et présenta un drôle de projet : celui de transformer la plus large grange du village en musée vivant du ski. Chacun devait rechercher des photos, des objets, des films en lien avec ce sport afin de composer une collection la plus complète possible.

Le sol en planches fut nettoyé, les tables et chaises poncées. Des cloisons furent montées pour délimiter des zones thématiques. Les élèves de l’école communale créèrent la signalétique, le club de couture créa des tentures dignes des plus grands théâtres. La grange se remplit de gravures, objets, ouvrages retraçant l’histoire du ski dans notre contrée et des portraits de sportifs issus d’ici.

Mes grand-parents avaient déniché une photo de moi petite fille, recevant un baiser de mon champion toutes catégories, Jean-Claude Killy. Je venais de découvrir son sport et du haut de mes six ans, je décidais que je « chausserais les spatules » moi aussi. A partir de ce moment-là, je ne devais manquer aucun entrainement au sein de mon club local.

Je commence aujourd’hui le premier jour du reste de ma vie. C’est l’inauguration du musée vivant du ski. Je reçois quantités de témoignages bienveillants et encourageants et je retrouve le sourire.

© Ouvrez les Guillemets 63 – 10.05.18