Maridan-Gyres

Quoi! Qu’est-ce que je vois ? Non mais, je rêve ! Ils se moquent de moi, c’est pas possible ! Mais qu’est-ce qu’ils foutent en bas ? Moi le grand Van Gogh ridiculisé par une poupée en plastique ?

Non mais je rêve ! Alors non content qu’ils n’aient jamais acheté une toile de mon vivant, voilà qu’ils se moquent de moi avec une poupée ridicule ! Et en plus, ils me volent mon autoportrait, qui était magnifique, à mon avis, pour en faire ça ! C’est que j’y ai passé des heures, moi, à le peindre ! Et cette coiffure ridicule ! Non mais, attendez, je n’ai jamais eu une coupe de cheveux pareille ! Mais quelle horreur ! 

Ah la, la, il faut que je quitte ce paradis tout de suite. Je vais leur montrer de quel bois je me chauffe ! Eh toi là, oui toi là, le petit chérubin volant. Viens ici et vas dire à Dieu que j’exige une entrevue tout de suite ! Non mais, moi le grand Van Gogh me faire ça ! Allez, allez, bats des ailes un peu plus vite ! Oh la, la, mais qui est-ce qui m’a foutu un empoté pareil ! Ah, franchement j’étais mieux au purgatoire ! Ici tout est blanc, non mais moi le roi de la couleur, être ici !

Au purgatoire au moins, il se passait quelque chose ! J’y suis allé parce-que soi disant on ne peut pas se couper une oreille ! C’est interdit ! Non mais je vous jure ! Ah , te voilà toi, enfin de retour, eh bien il faut pas être pressé ! Faut dire que si tu étais un peu moins grassouillet, tu aurais pu aller plus vite ! Enfin bon, je dis ça , je dis rien…Van Gogh suivant l’angelot , arriva devant Dieu. Il vociféra, gesticula et ordonna à Dieu de le faire redescendre sur terre . Il allait montrer à tout le monde ,qu’on ne se moquait pas du grand artiste. Dieu sur son grand trône céleste , se lissa la barbe, fronça les sourcils et secoua la tête. Saint Pierre à côté de lui regardait ses pieds, très gêné. Il se dandinait d’une jambe sur l’autre , ne sachant que faire. Dieu, après mûre réflexion, dit à Van Gogh : Ecoute, ils ne se moquent pas de toi, ils ne t’ont pas oublié et puis leurs enfants adorent ce jouet. Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves . L’autre furieux, ne décolérant pas, menaça de détruire le paradis. C’en était trop ! Dieu hocha la tête et lui dit : Tant pis pour toi, tu connais les règles ici. Tu auras bien mérité ta nouvelle punition. Et, d’un seul mouvement de doigts, il lui coupa le sifflet, et le consigna sur un nuage tout seul. Voilà, c’est ce qui arrive ici, personne ne fait de vagues ! Non mais c’est qui, qui commande ici ? Satisfait de lui même Dieu, alors, retourna majestueusement sur son trône céleste, retournant se faire éventer par de petits angelots joufflus.

Corinne