Maridan-Gyres

Le vieux saule est en pleurs, sa forêt est blessée.

Ses racines profondément ancrées depuis des siècles, son tronc plissé par les années, ses longues branches déployées, ses feuilles tombantes effleurant l’eau de la rivière toute proche : tout son être ressent les vibrations des scies et la chute lourde et sourde de ses jeunes congénères un peu plus loin. Lui si fort mais tellement impuissant ne peut être qu’un refuge pour les animaux apeurés.

Et voilà que les bourreaux arrivent à son pied et s’adossent contre son tronc le temps d’une pause déjeuner. Le grand arbre se sent coupable de les accueillir ainsi tel un complice.

Mais ses facétieux habitants en ont décidé autrement. Soudain un concert de roucoulements et autres gloussement résonne depuis ses branches. Une pluie de brindilles, feuilles, coques et fientes s’abat sur les malvenus vite sortis de leur courte sieste. D’abord étonnés puis rapidement agacés, ils déguerpissent de ce lieu de repos enchanteur devenu hostile, retournant à leur morbide besogne.

Le vieux saule se sent reconnaissant envers ses habitants, à travers eux la forêt a manifesté son mécontentement.

Lizzie