Maridan-Gyres

Minette regarde avec ravissement ses bébés blancs et tigrés, nés cette nuit.

Après de sérieuses tétées, les petits grandissent vite, deviennent de plus en plus intrépides et les bêtises s’accumulent au grand dam de leur maman.

Un matin, madame chatte décide de les emmener à l’extérieur. Au début, très timides, ils avancent à pas minuscules, trébuchent, hésitent. Du museau, Minette les incite à avancer, les rassure. Au fur et à mesure, ils s’enhardissent et partent rapidement à l’aventure.

Cet après-midi-là, les jeunes chats veulent s’amuser dans le jardin mais maman est harassée de fatigue. Elle accepte mais leur demande d’être très vigilants.

Quelques instants plus tard, elle est réveillée en sursaut par des cris stridents. Elle se précipite et assiste impuissante à la chute du premier de ses enfants dans la rivière. Les deux autres désirant aider leur frère basculent également. Minette surgit éperdue, se penche pour tenter de les rattraper. En vain.  La rivière impétueuse les entraîne irrésistiblement vers l’estuaire.

Affligée, la pauvre mère ne sait que faire et suit tant bien que mal les naufragés sans cesser d’appeler à l’aide.

Les saules pleureurs sur la rive entendent les cris maternels désespérés, et, de leur hauteur, saisissent l’urgence des événements. Ils se penchent et laissent traîner leurs gracieuses branches élancées dans l’eau. Ils repêchent un à un les jeunes imprudents et les placent délicatement devant leur maman. Cette dernière pleine de gratitude remercie éperdument les arbres sauveurs.

A chaque printemps, la famille revient remercier leurs anges gardiens et pique-niquent gaiement aux pieds de ceux-ci.

Depuis cette aventure, en mai, de délicats iules duveteux apparaissent sur les branches des saules.

La Reinette