Atelier 5 - 2020 - sujet 1
L’instant
Lucie s’étonnait que son regard puisse enfin se promener sur ces paysages ! Elle en avait tant rêvé, pendant des années, des semaines, des jours… Elle y était, enfin.
Elle s’assit sur le sol, chaud et sableux. C’est ici et maintenant qu’elle devait être.
Elle ferma les yeux.
« Ah oui, comment disait Alice déjà ? pensa-t-elle. Lâche prise sœurette ! Tu as encore ce pli si sérieux ! » Elle sentait encore la main chaude de sa chère sœur lui caresser avec tendresse son « pli sérieux ».
Vite, combattre la vague en se rattachant au réel…
Elle sentait la douce chaleur du soleil sur sa peau, il la réchauffait. Depuis combien de temps n’avait-elle pas prit le temps de ressentir ça ? De se poser pour savourer ?
Ses mains s’enfonçaient dans le sable. Du bout des doigts, elle toucha le sable et… un coquillage. Elle prit le temps d’en apprécier toutes les aspérités, l’imaginant blanc, voguant dans l’immensité bleue…
Puis ses pieds se rappelèrent à son bon souvenir. Elle avait marché si longtemps ! Non seulement ses pieds la remerciaient de cette pause salvatrice, mais son dos aussi ! D’un mouvement d’épaule, elle fit glisser son sac à dos au sol. Elle entendit le son étouffé de la chute.
Derrière elle, un père et sa fille marchaient. Elle entendit les rires de la petite fille… Ils étaient plaisants à entendre. Le père riait, semble t-il, de bon cœur avec elle. Tout comme les mouettes d’ailleurs. Avait-il racontait une blague ? L’avait-il chatouillé comme seuls les pères savent le faire ?
Un courant d’air rafraichissant lui parcourut le visage. L’air marin, l’odeur de l’iode… Elle prit une grande inspiration.
Serait-ce cela l’instant de pleine conscience ?
Un souvenir lui revint. Dans une de ses tentatives de faire son deuil, elle avait participé à un atelier animé par une femme se disant thérapeute. Pfff…
Le diplôme accroché sur le mur l’attestait pourtant, ce qui l’avait rassuré dans un premier temps. Mais cette séance… Elle en aurait ri si elle avait pu…
Pourtant, une phrase lui était restée : « Ouvrir son cœur aux autres, c’est toucher à la divinité du partage ». Cette phrase, elle ne l’avait entendu qu’une seule fois. Mais elle s’en souvenait très bien. Comme gravée…
Ouvrir son cœur, c’est aussi risquer de souffrir et d’être malheureuse. Le cours de sa pensée devenait dangereux. Elle rouvrit les yeux. Non décidément, elle n’y arrivait pas. La pleine conscience ? S’écouter ?
Elle prit l’une des bretelles de son sac, le remit vite sur son dos tout en se levant. Elle reprit le chemin. Un café bondé bordait le chemin. Sur la devanture, elle pouvait lire : « La vie n’est pas un chemin facile, mais si tu te concentres sur ce que tu aimes et qui est à ta disposition, tu seras une personne heureuse. » Alice et ses clins d’œil !
Un sourire timide vint éclairer son visage tandis qu’elle continuait son chemin.
Elisa
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