Atelier 4 - 2020 - sujet : 3
Le chant de la grive musicienne annonce la fin de l'hiver et l'approche du printemps. Ce matin je m'identifie à elle, je m'éloigne du froid, une agréable douceur m'enveloppe. Aujourd'hui je quitte cette clinique parisienne. Dans le taxi qui me ramène chez moi, à Rambouillet, des images me reviennent.
Notre rencontre dans ce café des Champs-Élysées. Nos deux cœurs se sont trouvés… moi qui n’avais jamais aimé. Avant, ma vie basée sur le paraître me convenait. Bel homme, imbu de ma personne, j'étais un mirliflore qui plaisait. Pas de problème d'argent, mon cabinet dentaire marchait bien, un physique agréable, du charme, je collectionnais les conquêtes féminines. Et puis il y a eu toi, Stella, tu m'as rendu meilleur en me donnant du bonheur. Emblème de la beauté, je sais, je t'ai idéalisée. Enseignante, tu exerçais ton métier avec passion, fervente adepte de la coéducation. Pendant trois ans un grand feu a illuminé nos vies. Je pensais que ça durerait longtemps, jusqu'à ce que nos yeux s'éteignent… Et puis tu as commencé à t'attarder au lycée, tu ne rentrais plus déjeuner, les soirées entre filles se multipliaient. Je n'ai pas été dupe de tes manigances et la suite m'a donné raison. Un matin tu m'as révélé qu’un autre t’avait charmé et toi, « mon étoile », tu m'as quitté.
La dégringolade a commencé. Le soir, la solitude et le chagrin m'envahissaient. Pour me réconforter un verre de whisky, puis deux, puis trois... Au début c'était bon, ça faisait du bien, du plaisir! C'était devenu ensuite un besoin. J'y pensais tout le temps, une idée fixe. Le matin, en me levant, c'était plus fort que moi. Plus d’appétit, des sautes d’humeur, plus envie de voir ni famille, ni amis, un enfer quotidien qui ressemblait au tableau d’Edward Munch "le Cri" Un soir, ivre mort, je manquais d'air. Je suis sorti dans la rue pour respirer, j'ai trébuché et je suis tombé, inanimé.
Une luciole devant mes yeux fermés… Je les ouvre : un homme en blanc passe une lampe devant mes pupilles. Je sens sur ma poitrine un objet froid, c'est un stéthoscope. Une jeune femme penchée sur moi écoute les battements de mon cœur. J'ai mal à la tête, une douleur lancinante dans la mâchoire m'empêche d'ouvrir la bouche. Que s'est-il passé ? Où suis-je ? Je me souviens… la chute sur le trottoir, la sirène des pompiers, les urgences. Je me réveille dans ce box blanc de l'hôpital Necker où je reste deux jours pour une surveillance et là j'ai la chance de rencontrer un médecin qui va me sauver.
Bienveillant, il prendra le temps de m'écouter et de m'expliquer. Je suis malade, malade de mes émotions, une affection qui atteint surtout les personnes sensibles. Mon addiction me domine, la volonté n'a aucune prise sur moi. Je dois me soigner. Il m'a conseillé une clinique spécialisée où je devrais rester quatre semaines au moins. Ses arguments m'ont convaincu et grâce à l'équipe médicale, à ma famille, à mes amis revenus, je m’en suis sorti, une renaissance !
Je descends du taxi un peu sonné, encore fragile, je le sais, mais libéré, et je l’espère sevré à jamais.
Anna 13
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