Maridan-Gyres

Ce matin j’ouvre les yeux. Je réfléchis une seconde et le merveilleux rêve que j’étais en train de faire s’évanouit. Tout me revient, oh mon dieu! Je suis là clouée dans ce maudit lit d’hôpital. Je regarde autour de moi, je connais tous les détails de la pièce. La petite fissure au plafond, la lumière blafarde qui clignote légèrement et ce lit dans lequel je suis retenue par de nombreuses perfusions et appareils bipant de temps à autre. Cela fait si longtemps que je suis ici. Je me souviens du moment où j’étais jeune et insouciante, riant tout le temps.

Cela me semble si lointain maintenant. Voilà, je n’ai pas fait attention. Plusieurs éléments auraient dû m’alerter. J’ai commencé à avoir des signes à peine perceptibles au début de ma maladie. Mon état empirant, j’ai consulté et le verdict est tombé. Je suis restée abasourdie, interdite . Le mot incurable bourdonnant un long moment dans mes oreilles. J’ai essayé de me battre et les différents traitements m’ont un peu aidée, mais pas guérie. Mon corps si douloureux, devient de plus en plus défaillant. Même ma circulation sanguine est affectée à présent. Ce corps auquel je ne faisais pas attention semble vivre maintenant avec ses propres règles. Ma volonté n’y fait plus rien. Il existe sans moi, juste une douleur lancinante qui devient exquise à chaque mouvement. Il ne me reste que le rêve, grâce à lui je m’envole loin de ce corps si lourd, immobile et inutile. Les étoiles sont à ma portée. Dans ce rêve éveillé, je largue les amarres, je suis enfin libre. La porte s’ouvre. Mon infirmière du jour me sourit. Une énième journée de souffrance commence.

Corinne