Atelier 3 - 2020 - sujet 4
J’ai attrapé le courage. Au début, j’ai trouvé ça facile. Attraper le courage ? Les doigts dans le nez, je le fais, moi ! Je ne m’en étais même pas rendue compte, c’est dire… On a dû me l’annoncer solennellement : « Madame, toutes mes félicitations, vous êtes l’heureuse propriétaire de courage, il vous en faudra. »
J’ai à peine tendu l’oreille d’ailleurs, et encore moins aux derniers mots. J’ai mis le temps mais j’ai fini par comprendre : ce n’est pas un sprint mais un marathon. Jour après jour, c’est devenu moins facile, voire très difficile de tenir la distance…
J’ai attrapé le courage. En fait, je n’ai pas eu le choix, c’était ça ou rien. Alors je l’ai attrapé, comme le pompon des manèges. Qu’ai-je gagné ? On me promet un nouveau tour de piste, oui, mais sur un autre véhicule, incomparablement plus confortable, plus spacieux, plus puissant également ; alors attention aux secousses, il ne s’agirait pas de tomber avant l’envol final : on raconte qu’il lui arrive de quitter ses attaches pour ne plus tourner en rond mais aller voir plus loin… Alors pour que cette légende devienne ma réalité, je ne dois plus le lâcher, ce courage, m’y accrocher comme à une bouée de sauvetage, m’y cramponner.Parfois, je crois l’avoir perdu pour de bon et puis non, finalement, il s’était simplement lancé dans un cache-cache qui n’amusait que lui.
Je crève parfois d’envie de crier au monde entier : « Nom de dieu, vous ne voyez donc pas le courage dont j’ai besoin, vous ne voyez donc pas les traces de transpiration à peine séchées qui parcourent mon corps, les rigoles qui creusent mes joues, les efforts que je fais pour tenir debout ! » Mais ça ne servirait à rien alors j’en attrape partout où je peux, je trafique, je fais les fonds de verre, les fonds de poubelles, je racle, j’écume, je tamise, je deviens alchimiste amateur car je crève d’envie de savoir où ce courage m’emmène exactement.
Aomamé
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