Atelier 21 - 2019 - Sujet 1 Illustration 3
Paris ville de lumière.
Avec des « SI » on mettrait Paris en bouteille dit le vieux dicton français…mais comme impossible n’est pas français, un hurluberlu ultra scientifique a mis Paris dans une méga ampoule qui s’allume en péchant les nuages dont l’eau est productrice d’électricité…Elle s’élève comme une montgolfière au-dessus des reliefs et vogue au gré des vents mais que fait donc ce funambule sur le filament de l’ampoule ? Cherche-t-il le plus beau point de vue ?
Est-il condamné à garder coûte que coûte son équilibre pour survivre et faire que la cité ne soit jamais plongée dans les ténèbres ? Est-il le gardien d’un destin dont seules les étoiles connaissent le secret ? le simple instrument d’un parieur extraterrestre qui joue à pile ou face la vie de la ville et peut briser l’ampoule avec un microscopique météorite ?
Et Paris sait-elle qu’elle a été capturée ? Qu’elle est l’objet d’un jeu dangereux venu d’ailleurs ? Ou se croit-elle toujours au sol sans rien voir que l’ordinaire de son train-train familier tout à tour Paradis et Enfer ? que raconte-t-elle ?
« Il y a ceux qui dorment recroquevillés dans un carton dans la nuit hivernale,
Il y a celle qui passe à côté sans un regard trop occupée à pianoter son portable,
Il y a ceux qui donnent un coup de pied dans le carton et brisent le sommeil et les bouteilles vides,
Il y a celui qui bouscule une jeune femme dans le métro, crache au sol et s’assoie goujatement,
Il y a celle qui dévale quatre à quatre les marches du sacré cœur pour attraper son bus, rejoindre son bureau ou son amoureux,
Il y a ceux qui s’ignorent au kiosque à journaux, et ceux qui trinquent au comptoir du bar du coin,
Il y a ceux qui balayent les caniveaux, ceux qui promènent leurs chiens, ceux qui émiettent du pain aux pigeons,
Il a ceux qui pédalent dans le vent se faufilent entre les voitures coléreuses et ceux qui marchent comme des automates,
Il a celui qui appelle les secours parce qu’une vieille dame est tombée dans l’escalier du métro et celui qui lui arrache son sac,
Il y a celle qui prend son enfant juste à temps sur le passage clouté devant un motard fou, et celui qui aide l’aveugle à traverser,
Il y a ceux qui vont et viennent, rejoignent, se séparent, se croisent, courent d’une gare à l’autre,
Il y a les visiteurs de la Cathédrale Notre Dame, de la Tour Eiffel, du musée d’Orsay, du Louvre, du Centre Pompidou,
Il y a ceux qui assiègent les autres monuments vantés, et les grands magasins,
Il y a ceux qui se promènent dans les parcs main dans la main et ceux qui klaxonnent rageusement sur la Place de l’ Etoile,
Il y a la foule de Paris Plage, des bords de Seine, et les inconditionnels des bouquinistes,
Il y les nostalgiques de Saint Germain des Prés et du café de Flore,
Il a celle qui sourit, celui qui pleure, ceux qui s’insultent, ceux qui se battent et se tuent parfois, et ceux qui jettent des pièces aux musiciens,
Il y a ceux qui prient, et tous ceux qui se révoltent quand d’autres se soumettent,
Il y a toute cette humanité vorace de privilèges, et celle privée de dignité, de travail, de logis,
Il y a ces femmes, ces hommes, ces enfants vulnérables que la vie brutalise et ceux qui jettent l’opprobre, l’argent, les déchets et les sentiments,
Il y a cette ville qui ne ressemble à aucune autre, ville de lumières et d’ombres, et qui ressemble à toutes les autres par la culture ou l’ignorance, le luxe ou la misère qui s’exposent dans les rues, par les chagrins et les amours qui y vivent et y meurent. »
Clohe
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