Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 2 - 2025 - Sujet 1

https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/Newsletter-042021lmdm.png

 

Sur la chaîne “Les Mots de Montpellier” on diffusa le dernier documentaire de Nicolas Vannier suivi par un jeu que j’animais. Une de nos auditrices, Brigitte, gagna et remporta le droit d’accompagner l’explorateur dans un de ses périples. Je devais les accompagner et filmer cette aventure qui serait ensuite retransmise sur la chaîne.

Le pari était fou : Nicolas devait partir accompagné de deux néophytes, Brigitte et moi, traverser les terres gelées de la Sibérie, suivre le fleuve Amour et rejoindre le lac Baïkal, en traîneaux à chiens.

 https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_194044.jpg

La préparation dura des mois avec un entrainement très intensif. Partir en expédition polaire n’est pas un simple voyage touristique, l’environnement est très rude avec des températures pouvant atteindre -30°. La moindre erreur peut être fatale.

 

Le vent hurle sur la banquise, la neige fine et tranchante fouette nos visages. En tête Nicolas guide aisément son attelage. Derrière Brigitte épuisée mais déterminée essaie de le suivre dans le blizzard. Ses premiers jours ont été éprouvants, elle chutait souvent, luttait contre le froid mordant et peinait à maîtriser son attelage. Mais l’explorateur veillait, l’encourageait et lui montrait des astuces. Elle s’adapte vite et sait maintenant comment atteler les chiens, reconnaître les failles traîtresses,  anticiper la fatigue des chiens. Véritables partenaires, une complicité s’établit entre elle et sa meute. Sa préférée est la chienne de tête, Burka, très intelligente et très affectueuse en quête incessante de câlins. Pendant la nuit, elle a appris à faire attention au froid en leur préparant un bon lit constitué de branches de sapin, pour les recouvrir ensuite de petits manteaux en laine polaire.

Notre routine s’installe : dès que nous arrivons, nous nous occupons des chiens puis nous montons la tente et nous faisons un feu pour faire sécher nos vêtements, faire fondre la neige pour cuisiner et nous hydrater. Au fond du sac de couchage, nous mettons vestes et chaussures avant de nous y glisser. Près de soi, un sac étanche où nous glissons briquet, allumettes, bougies et du bois à allumer au réveil avant que nos doigts gèlent. Les nuits sont éprouvantes et le silence oppressant. Sous la tente les températures peuvent chuter jusque -40°. Nous dormons les uns contre les autres et nos corps emmitouflés tremblent malgré les couches de vêtements et de fourrures. Lors de nos veillées, Brigitte chante, elle a une très jolie voix. Nicolas nous raconte ses expéditions et ses hivers passés seul avec ses chiens.

 https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_195158.jpg

Le matin, après avoir nourri les chiens, nous repartons dans l’immensité blanche. Le fleuve Amour est enfin là avec ses 4534 kilomètres, frontière naturelle entre la Chine et la Russie.

https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_195847.jpg

Le nom de ce fleuve vient du russe et signifie boueux, pour les chinois, il s’appelle “fleuve du dragon noir”.  La neige est profonde et les chiens s’enfoncent. Nous souffrons tous car il faut pousser nos traîneaux de 100 kg. Heureusement nous sommes secourus par les habitants d’un village qui nous ouvrent la voie par le biais de chevaux. Ils sont d’une extrême gentillesse nous offrant l’hospitalité et s’occupant des chiens. Pendant le dîner, chaleureuse, Brigitte se lie d'amitié avec les femmes de la tribu et joue avec les enfants. Pour se comprendre ils utilisent le langage des mains et les fous rires fusent. Quel bonheur d’avoir de nouveau chaud, l’ambiance est festive !

 

Tout au long de notre voyage, nous rencontrerons trappeurs, pêcheurs, nomades vivant en parfaite harmonie avec la nature.

 https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_195831.jpg

Le lendemain, la réalité nous rattrape, nous repartons dans le grand froid. Nicolas fait une halte et nous montre des traces dans la neige. Il s’agit de celles du léopard de l’Amour. Il en profite pour nous expliquer que cette région abrite une variété incroyable d’espèces végétales et animales.

 https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_200447.jpg

Elle constitue l’habitat de certaines espèces sauvages malheureusement en danger car en voie  d’extinction comme le tigre de Sibérie.

IMG_20250319_200731.jpg

Les forêts anciennes de feuillus et conifères sont le repaire du porte-musc et de l’ours brun. La région est aussi un refuge important vers les zones humides, pour les oiseaux migrateurs comme les cigognes orientales et les grues du Japon.Il insiste sur le fait que ces paysages sont particulièrement touchés par les effets du réchauffement climatique et également par les conséquences des activités humaines.

https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250319_201255.jpg

Quand il ne part pas en expédition, il essaie de sensibiliser le grand public à ces problèmes environnementaux et sur la fragilité de ces régions. Il organise des cycles de conférences et se rend dans des écoles pour sensibiliser les enfants, la future génération. 

Après des semaines de lutte contre les éléments, le lac Baïkal s’offre enfin à nos yeux éblouis. La plus grande réserve d’eau douce au monde complètement gelée s’étend devant nous. Brigitte entame alors une danse de sioux, se jette à nos cous en hurlant :

 https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250320_202507.jpg

  • On a réussi, on a réussi !!!

https://static.blog4ever.com/2013/07/747085/IMG_20250320_202539.jpg

Le fou rire gagne toute l’équipe et c’est dans la bonne humeur que nous nous installons.

Le vent tombe, le temps devient plus clément. Le ciel que l’on connaissait gris jusque maintenant se teinte de nuances rosées. Les températures s’adoucissent.

Lors de la dernière veillée, le feu crépite doucement sous le ciel étoilé. Nous ressentons un mélange d’euphorie et de mélancolie. Fini le monde sauvage, bientôt nous retrouverons  le monde civilisé. Pensif, Nicolas tourne son beau visage buriné vers Brigitte et lui demande ses impressions sur ce voyage. Cette dernière peine à trouver ses mots, l’émotion l’étreint, difficile de décrire la rudesse de l’environnement, sa beauté à l’état brut, les dangers encourus, la fatigue éprouvante et en même temps la fragilité de cet écosystème. Elle répond simplement :

 

  •  Je crois que je comprends pourquoi tu reviens toujours ici.

 

Nicolas sourit car il sait qu’une fois que l’on a goûté au Grand Nord, on rêve de revenir.

 

La Reinette



20/03/2025
9 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 500 autres membres