Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 2 - 2023 - Sujets 1,2 et 4

 

1- ma perception

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Un  lointain pétale lunaire vogue dans le ciel au bleu pâle d’hiver, le soleil sort juste de son sommeil et ne donne pas encore d’intensité aux couleurs.

Je marche emmitouflée dans mon écharpe le long de la mer face au vent. L’eau vient lécher le sable en frissonnant. Tous les matins, je refais cette promenade parfois dans la grisaille, mais chaque jour cette parenthèse réconfortante  éloigne, pour un temps, les pensées bien tristes qui ne manquent pas de m’assaillir un peu plus tard.

 

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Pourquoi la vie est-elle si injuste ? Pourquoi faut-il qu’il ait cette maladie irréversible « Alzheimer »  qui le rend si vulnérable et le cœur fragilisé… Toute sa vie il a coché toutes les cases de ce qu’on appelle l’hygiène de vie !

Je le revois courir de sa longue foulée souple sur les pistes de la pinède ou sur le macadam ou gravir les sentiers caillouteux… Il avait fait des milliers de kilomètres en courant ou en vélo et s’était nombre de fois distingué, récompensé par une de ces coupes qui trainent ensuite à la poussière sur des étagères ou une cheminée. J’aimais ses succès. Je participais souvent aux mêmes compétitions. Mes performances étaient plus modestes, mais le plaisir partagé, toujours.

 

Je fuis certains endroits trop chargés de ces souvenirs, tout ce qui avait été vivifiant me brise le cœur désormais.

Je me réveille chaque matin avec un poids sur la poitrine, une tristesse qui me colle à la peau, si seulement je pouvais me réfugier dans le sommeil… mais non !

Je me lève  pour m’occuper de ma petite chienne, c’est elle mon moteur, je lui redonne l’amour qu’elle me porte de façon inconditionnelle. Sans elle je plongerai dans la déprime.

 

2 - sa perception

Et lui ? que pense-t-il :

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« Je ne sais pas ce que j’ai vraiment. On me donne des pilules de diverses formes et couleurs et j’avale ça sans en connaitre le pourquoi. Peut-être qu'on me l’a expliqué ? Mais je ne crois pas.

Je me sens bien, sans douleur et je m’exerce dans la petite salle de sport de mon « gourbi ». Je l’appelle comme ça même si c’est plutôt confortable, mais je vis ça comme une prison, comme une caserne et personne ne peut imaginer comme, malgré la bonne volonté de ceux qui s’occupent de moi, je suis profondément triste… mon avenir est-il là définitivement ?

 

Je ne l’ai pas choisi, j’ai juste obéi au médecin et proches qui ont pensé que c’était mieux pour moi… je sais même plus vraiment ce qui m’a conduit là.

Je marche dans le parc plusieurs fois par jour et je m’applique à tenir un bon rythme. Ça c’est un bon moment.

 

Je souffre de perdre la mémoire, ça oui ! Hier des gens sont venus me voir et je me suis senti honteux de ne plus retrouver leur nom. Ils m’ont emmené regarder une course et rencontrer des personnes que j’avais connues. J’avais couru parait-il des milliers de kilomètres avec eux et je ne me souvenais de rien, ni d’eux ni de mes « exploits sportifs ».

 

Parfois mon téléphone sonne et j’entends quelqu’un qui demande de mes nouvelles, mais je ne sais pas toujours reconnaitre qui c’est. Souvent j’abrège la conversation, car là aussi je me sens honteux.

J’ai peur de tout oublier.

 

Je suis perdu dès qu’on me parle de papiers, de démarches, je ne sais plus m’occuper de rien seul. J’ai besoin d’aide pour tout ça et j’en suis fort dépité car je me sens en dette en permanence vis à vis de ceux qui m’assistent. Je ne sais comment remercier celle qui m’accompagne avec tant de gentillesse.

J’ai aimé ma vie passée et j’en suis dépossédé. Je ne suis utile à rien ou presque… Je suis une coquille vide.

Je ne suis plus « aimable » et je m’excuse pour tout ça.

Voilà, je ne suis pas heureux, ni vraiment malheureux, mais je n’ai aucun but et ne vois aucune issue puisque je ne peux rien changer. Je suis impuissant – je subis, c’est tout.

Je me sens délaissé, abandonné par ma famille. Mes fils, ma fratrie me manquent. Où sont-ils ?

Je ne sais pas ce que j’ai vraiment. On me donne des pilules de diverses formes et couleurs et j’avale ça sans en connaitre le pourquoi… Je souffre de perdre la mémoire, ça oui ! Jusqu’à quand ?

 

Sujets 1 et 2 - image 1

 

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J’avais décidé de rapporter des idées de randonnée pour le Forum des associations de mon bourg et donc de partir à l’aventure sans trop de préparation juste une carte du coin que je voulais explorer.

J’étais partie à l’aube pour profiter au maximum de la journée qui s’annonçait radieuse. Je grimpai plusieurs heures par un petit chemin caillouteux balisé en bleu.

Je ne me faisais pas trop d’illusions, je n’allais pas découvrir le circuit de l’année mais juste une nouveauté à partager avec mon groupe.

Je dus passer sous des barbelés, une fois arrivée dans un grand champ pour retrouver la piste de l’autre côté.

Quelques vols de grue me rappelaient à quel point j’aurais aimé être aviatrice et fendre le ciel avec une escorte d’oiseaux, un rêve de petite fille entre réalité et fantastique.

Tout à coup je ressentis quelques symptômes de vertige, une aspiration vers le vide et la tête qui tourne.

Dans mes parcours récents, je n’étais jamais montée seule par des voies aussi escarpées.

Je préférais favoriser les circuits de difficultés moyennes mais là, je voulais me prouver que je pourrais emmener des randonneurs sur des trajets sportifs.

 

J’atteignis le sommet avec soulagement.

Perchée au-dessus de cette forêt dense, sur mon promontoire rocheux, je ressentais un calme absolu, intérieur, environnemental et intemporel comme une conscience universelle qui resterait suspendue à l’instant sans passé ni futur.

Cette expérience de béatitude j’espérais la partager avec ceux qui me suivraient un jour, elle abolissait les craintes et récompensait tous les efforts.

 

 

Clohe

 



18/01/2023
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