Atelier 2 - 2023 - Sujet 2
On avait voulu l’aventure, alors mon pote Bébert et moi, on s’était engagés à 18 ans dans l’infanterie pour repousser les casques à pointe, on se voyait déjà faire aussi bien que nos pères en 14 et charcuter des boches par paquet de 12.
On avait assez vite déchanté, les panzers nous avaient collés une monumentale branlée dans les Ardennes au premier mois de la guerre et avaient brisé toutes nos illusions de gloire et depuis ça, on s’est retrouvés P.G* (*prisonnier de guerre) dans un camp au fin fond de la Poméranie occidentale. Dieu que je hais la Pologne, son temps dégueulasse 9 mois dans l’année, ses étendues de barbelés à perte de vue, ses habitants cons plus nazis que les schleus, si je sors de ce camp un jour, je cramerai moi-même ce putain de pays jusqu’au dernier brin d’herbe. Ils doivent bien se foutre de nous au pays, ceci dit, ils ont pas fait beaucoup mieux, les récents événements nous ont montré que pour beaucoup de français, les totenkopfs, c’est pas si mal. Symptôme d’une nation qui s’offre à l’envahisseur au premier pépin. Pendant ce temps-là au camp, on peut pas dire qu’on résiste des masses, mais si on peut emmerder un peu nos gardiens, on se gêne pas. A l’appel matinal, quand on doit faire le pied de grue dans la cour centrale, on bouge légèrement de droite à gauche pour foirer leurs comptages, les gardes deviennent fous à devoir recompter 5 fois d’affilée et on a beau se les geler, ça nous fait marrer. On aura pas fait les meilleurs soldats, mais on peut toujours être les pires prisonniers de guerre.
Pour le moment on peut se le permettre, Adolf a pas trop l’air de vouloir grignoter la paix avec la France, mais si ça devait arriver, on sait qu’on morflerait au moins autant que les russes. Ils en ont un dans le camp, un aviateur, lui, il a le droit au menu bastonnade dés le matin, quand on peut avec les copains, on essaye de faire glisser un peu de tabac et du pain.
Autant favoriser une bonne entente avec les Russes au cas où leurs collègues gagneraient. On espère tous un jour pouvoir choper cette salope de colonel qui dirige le stalag pour le faire valser au bout d’une corde. Ce type nous affame à dessein et nous fait souffrir de l’intemporel manque de bouffe, la torture des ventres et la soumission des têtes. Et puis des fois, ça lui prend comme une envie de pisser, il se prend à déclamer les vertus du régime nazi alors il nous rassemble et se colle sur une estrade comme s’il était au forum pour nous débiter ses conneries sur sa race de crétin. Heureusement qu’on se bouffe pas trop le nez avec les copains, ça peut toujours arriver que 2 loustics se cognent un peu pour un bout de pain, mais on s’est fait un noyau dur de gars solides et solidaires. On a beau dire P.G, c’est pas une sinécure.
Arthur
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