Atelier 2 - 2021 - sujet 1
Lipogramme en A
Comment peut-on écrire un texte où il n’existe que des mots, des petits, des très petits, des gros et des très gros qui ignorent cette lettre ?
Dérivée des hiéroglyphes égyptiens, une tête de bœuf stylisée représente cette lettre. Le coup de glotte est une consomme occlusive représentée comme ceci ʡ.
Si belle, toujours en tête de liste, toujours première depuis des siècles, peut-on comprendre qu’elle devienne invisible ?
Superbe, fière et sensuelle, elle exprime souvent les sentiments de surprise, d’étonnement, voire d’émerveillement, de déception ou de douleur si elle épouse …ïe…
Répétée, elle signe le rire, singe les moqueries.
Si on lui met un couvre-chef, genre béret, elle est un signe de possession.
Mon menton posé sur mon poing fermé, mes yeux noyés bien loin, vers l’horizon, je pense…je pense quoi ?
Je pense que cette consigne est très très difficile, voire impossible ! Puis-je l’éviter ou bien réussir cette prouesse ?
Je m’interroge.
Subitement, mon œil s’illumine !
Tout près de moi, entre le tilleul et le pommier, surgit un écureuil.
Pelisse rousse bien lustrée, queue fournie et volumineuse, œil noir et vif, il grimpe d’un bond prompt et décidé sur le tronc du cerisier moussu, dénudé et gercé ; coup d’œil express : rien pour son déjeuner !
Il bondit chez le voisin où les noisetiers fournis et généreux conservent entre les feuilles tombées quelques noisettes oubliées.
C’est jour de fête pour lui !
Ses membres supérieurs prolongés de doigts longs et précis fouillent les brindilles séchées pour débusquer ces délicieuses coquilles encore comestibles.
Mes nouvelles lunettes de vieille femme me permettent de voir plus précisément ce que ce rongeur remue et fouille. Il croque de ses incisives qui poussent non stop les dernières noisettes du mois de septembre.
Une réserve insoupçonnée de fruits secs voit le jour, sous les gestes répétées de l’écureuil entêté.
Ce rongeur forestier est omnivore et quelques œufs d’oisillons, bourgeons, germes, fleurs, feuilles, petits invertébrés, vers de terre, ou insectes servent de déjeuner si les noisettes sont épuisées.
Il est comblé : son festin enfin terminé, il reprend position sur son derrière, frotte son petit nez vigoureusement et se met en route pour le nid où demeurent ses petits.
Moi je suis toute retournée de cette visite impromptue, délicieuse et bucolique.
Je reste songeuse ; le ciel couvert de moutons mousseux, nombreux et mobiles dissimule le soleil frileux en ce jour de février.
Le froid glisse sur mon dos.
En cette journée d’hiver, prémices éloignés du printemps, le rendez-vous de l’écureuil reste une belle promesse de jours heureux.
Comme un merveilleux sortilège, mes incertitudes se sont enfuies pour rédiger ces quelques lignes.
Belle et joyeuse lecture pour ceux et celles qui lisent mes missives disjonctées.
SHUNT. 3 Février 2021
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