Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 2 - 2013 - Sujet 1

 

 

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Mais que faisais-je là ? Dans quelle galère je m’étais fourrée et avais-je une chance de m’en sortir ?

Nous étions une centaine au départ et là nous n’étions plus qu’une trentaine. La sélection opérée, à l’arrivée n’avait plus lieu d’être : les étudiants, étudiantes que nous étions avions été catégorisés, le bleu pour l’élément eau, le vert pour celui de la terre, le rouge pour le feu et le jaune pour l’air.

Je m’étais retrouvée dans le bleu, mais là plus de différence, les épreuves avaient éliminé les plus faibles mais où se trouvaient-ils ? Là était toute la question ! J’étais d’autant plus déterminée que Largo avait disparu.

La Gouvernance avait institué ce procédé pour recruter les meilleurs aux postes stratégiques du pouvoir, de l’éducation, de la justice, du commerce ... mais tout cela à quel prix ? Tout cela pour régner sur le peuple.

Mon âme sœur, mon amour était-il mort et cela par ma faute ? Quand je lui avais expliqué que je souhaitais écrire un article et soulever le mystère des arcanes de principe de choix, il n’avait pas voulu me laisser seule. Toutefois, nous avions fait bien attention à ne pas montrer notre relation.

 

A l’heure actuelle où était-il , blessé ou pire, enfermé quelque part, jeté dans un trou d’oubliette ?

Nous nous étions réveillés dans une cour. Quatre longs bâtiments étaient soudés les uns aux autres pour former un rectangle, au centre de chacun une arche percée permettait de pénétrer à l’intérieur de ce « champ clos », certaines vitres étaient brisées, aucune âme qui vive, malgré le ciel d’un bleu uniforme l’endroit était lugubre. L’espace lui-même où nous nous trouvions était vide, parsemé de quelques touffes d’herbes, des graviers, à certains endroits des gravats... des ruines.

Je suppose que mes acolytes étaient aussi désemparés que moi. Nous regardions en tous sens en nous demandant ce que nous faisions là….. C’est alors qu’un bruit horrible de chaînes rouillées se fit entendre et les arches se virent condamnées par des herses qui nous enfermaient. Les hurlements fusaient de part et d’autre, certains se mirent à courir pour tenter de s’échapper mais un jeune homme et trois femmes furent transpercés en se glissant sous les piques des portes de fer...Ce fut horrible !

La peur redoublait en chacun... et le ciel d’un coup s’assombrit virant du gris clair à l’anthracite… Il eut fallu pouvoir voler pour se donner une chance de sortir ! Et encore pas sûr, car juste alors que je me faisais cette réflexion une nuée noire volante vint s’abattre sur nous, nous attaquant, on aurait dit des sauterelles, mais grosses comme des pouces. Elles se posaient partout sur nous, nous plantant leurs pattes aiguisées dans la peau. Les cris redoublèrent, certains tombaient sous l’assaut de ces horribles bestioles, on courait en tous sens.

J'avançais pliée sous le poids et la force de ces attaques, battant les bras dans tous les sens pour tenter de me dégager mais à peine avais-je chassé quelques « insectes » que d’autres se posaient ailleurs sur moi. Il n’y avait qu’une issue... tenter au plus vite de gagner un des bâtiments pour espérer trouver un abri, une idée qui me permettrait de trouver une solution…. Du moins je l’espérais !

C’est alors que je trébuchai sur une grosse pierre que je n’avais pas vue, tête la première, une douleur fulgurante vrilla dans ma tête, je me sentais partir, mes paupières se fermaient. Non pensai-je... ça ne peux pas se terminer ainsi.

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Je me voyais marcher sur une plage de sable blanc, la mer bleue se confondait à l’horizon avec le ciel, tout était calme, des palmiers un peu plus loin offrait de la fraîcheur à qui en voulait mais j’étais seule, pas âme qui vive….

 

Et puis, j’avais commencé à émerger, la tête dans un brouillard , une douleur lancinante au front. En y portant la main , je pus me rendre compte que j’avais un pansement, mes bras étaient écorchés. Le store laissait passer quelques rayons de soleil obliques, allongée sur un lit , une tunique propre, je remarquai la simplicité du lieu, murs blanchis, une petite table et une chaise: décoration spartiate. Tout à coup, j’entendis murmurer dans ce qui semblait un couloir par la porte entrebaillée et il me sembla distinguer au loin l’aboiement d’un chien.

Je retins de la conversation qu’une femme – d’un certaine âge compte tenu de sa voix – reprochait à un homme, que finalement j’aperçus vaguement, de n’être toujours qu’un gamin capricieux, cédant à ses impulsions… Une nurse?

 

« Non, toi tu files, tu ne va pas voir cette fille, je m’en occupe ! Quelle idée d’être intervenu ???? Quand Majesta va l’apprendre, elle va être folle de rage !»

« Il n’y a que toi au courant, je l’ai ramene ici de nuit. Perceval mon médecin qui l’a soignée et toi » 

« Il va encore falloir que je me décarcasse pour te sortir de situations impossibles. Je la ferai transférer, à la nuit, au Palais des Anges. Les femmes s’occuperont d’elle le temps de trouver une solution et ta mère n’y va jamais».

 

Je jugeai préférable de fermer les paupières et de feindre d’être endormie pour pouvoir observer et écouter.

La femme était petite, menue, ridée mais avec un visage bienveillant et un lourd chignon retenait ses cheveux gris.

Je me promettais, dès que possible, de faire appel à Fhaë, mon animal totem. Il est tatoué sur notre corps – le côté de la cuisse droite pour les filles et le biceps gauche pour les garçons – une fois stabilisé pour nos 15 ans. J’avais longtemps cru qu’il s’agirait d’un oiseau, mais mon caractère, mon comportement garçon manqué révélèrent qu’il s’agissait d’une chauve souris.

J’avais donc une pipistrelle gravée dans ma chair tenant dans son aile une épée incrustée d’un rubis rouge - Fhaë.

Je préciserai que tous nous n’en étions pas pourvus, mais je faisais partie du peuple des Arross et cela était notre « caractéristique.

 

Le femme me fit boire un peu de bouillon en soulevant ma tête et une tisane qui fleurait bon la lavande et là je me retrouvai à nouveau sur la plage.

Je me réveillai, une nouvelle fois, dans un endroit inconnu comme une chambre monacale, plus de pansement sur la tête, corps reposé et esprit vif encore des traces de blessures dues aux « grosses sauterelles… »

Au bout de quelques jours, où je me trouvais dans cette sorte de "cloître" où vivaient une vingtaine de femmes de tous âges, je me rendis compte que mon esprit était plus apaisé, plus de cauchemars où je passais mon temps à fuir des personnes qui me poursuivaient. J’avais l’esprit tranquille, la respiration ample. Je lisais, aidais au potager, cuisinais et ne pensais plus dans l’immédiat à chercher Largo qui avait disparu. Finalement, je reprenais des forces tant physiquement que mentalement, cela ne pouvait être que bénéfique. Lina qui s’occupait de l’élevage des chats sibépersans – de jolis spécimens de félins aux long poils de couleur bleu-chocolat ou silver bleu – m’avait proposé de l’aider et une ravissant petit chat me suivait depuis partout ! Unique car roux avec un œil bleu et l’autre noisette – son doux ronronnement me berçait, elle me l’avait, finalement, offert et je l’avais baptisé Tamo.

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Personne n’avait pu ou voulu m’expliquer qui m’avait sauvée et soignée, mais il semblait que j’aurais bien vite des éclaircissements.

Fhaë, ma petite chauve souris – qu’à la nuit tombée je frottais pour lui donner vie – n’avait pu glaner aucune information utile...

J’avais donc l’impression d’être en pleine migration intérieure vu les changements de comportements qui s’opéraient en moi.

Toutefois, l’espérance était là, celle de comprendre enfin ce qui était arrivé et surtout qui m’avait sauvée !

 

Lostris 09/08/24



16/08/2024
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