Atelier 19 - 2021 - sujet 1
Bien sûr 2021, bien sûr 2022.
Bien sûr il arrive que l’on s’aime et qu’on aime les autres, bien sûr il y a nos échecs, nos lacunes immenses, nos ignorances celles que l’on nous reproche parfois avec cynisme et violence. Bien sûr nos faiblesses, notre silence assourdissant, notre regard qui se détourne parce que rajouter ces émotions là ça serait trop ….
Bien sûr il y a des gens qui sont convaincus que le feu va s’allumer même si le bois est mouillé. Et ceux qui pensent que si le printemps revient chaque année ils y sont pour quelque chose.
Bien sûr on aurait dû faire autrement si on avait eu le choix, si on avait su, si les circonstances l’avaient permis.
Bien sûr la cime des arbres est inatteignable sans que l’on soit pris de vertiges. Sauf pour ceux bien entendu qui proclament que c’est une simple question de volonté, les mêmes qui sont devant et qui grimpent sans souffrance.
Bien sûr il y a notre innocence, notre candeur, les valeurs qu’on a envie de transmettre de partager pour qu’elles servent d’étendard, de bouclier. Que l’on s’use à préserver, à sauvegarder ignorant si pour autrui elles ont une quelconque importance.
Bien sûr ce n’est pas comme ça que l’on avait vu les choses ce devait être un peu plus …ou alors un peu moins ….
Bien sûr on aurait souhaité un autre éclairage, une autre lumière pourquoi pas un excès de maquillage qui masque nos imperfections, mais oui vous savez de quoi je parle ! Ce qui permet de se mettre en valeur, qui vous donne la fugace impression d’être au top, sûr de vous, important juste un instant, une fraction de seconde, juste avant de rentrer en scène.
Mais moi je m’en fous, on est en 2022…. Et ce printemps-là, j’ai rendez-vous avec mon arbre magique. La plupart du temps je m’assieds en face de lui j’attends, (il faut savoir être patient) il s’échappe quelques notes du tronc d’abord (les graves) puis du feuillage avec des sons cristallins. C’est un concert privé que m’accorde le peuplier musicien sans que j’aie le droit de modifier la partition.
Mais moi je m’en balance, à l’été 2022 corps brulant, spartiates aux pieds je me laisse envahir par une douce nostalgie et je songe avec délice aux enchantements voluptueux à venir que garderai à jamais secrets. Je hume, je goûte, je respire, il n’y a plus de tabou.
Mais moi je ne m’en soucie guerre, cet automne 2022 je vie une symphonie de couleur, tous mes sens sont en éveil, j’écrase dans mes mains une grappe vermeille puis je lèche mes doigts collants et sirupeux. Je piétine avec bonheur les bogues de châtaignes, je découvre une cachette, je dévoile le secret de la forêt, mais je sais qu’elle ne m’en veut pas.
Mais moi ça m’est égal, en cet hiver 2022. Solitude blanche amie, et corneilles et corbeaux qui jouent une rude partition. J’aime ne pas lutter contre l’engourdissement de mon corps, de mes sens, de mon âme, cette lenteur me convient, cette mollesse assumée me réjouit. Cette pose de la nature me rassure et je sais que je peux compter sur le ronronnement d’un feu de cheminée pour attendre 2023, croire et espérer.
Ivoleine
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