Atelier 18 - 2019 - sujet 4
Pierrot regarde son menhir avec attention. Qu’est-ce qu’il est beau ! Il n’en revient pas. Un an, un an qu’il y travaille. Sa mère l’encourage depuis des mois à l’aide de crêpes napées de caramel au beurre salé.
Dès qu’il sent des crampes dans ses bras, il s’arrête et se rend près du phare. Là, il admire les bateaux qui passent. C’est un ballet incessant autour de son île. Il rêve de traverser l’océan atlantique, mais s’éloigner de l’île de Sein est impossible. Cette île, c’est son âme.
île de Sein
Lors des marées d’équinoxe, il a l’impression de faire corps avec les vagues qui se fracassent sur les côtes. Il ressent leurs rugissements dans tout son être. Dans ces moments-là, il a l’impression que c’est la violence qu’il porte en lui qui se manifeste et s'échappe pour le libérer.
Saint Malo
Lorsque le temps est au ciel bleu, il admire les remparts de Saint Malo, son port et les navires qui y stationnent. Demain, il livrera son menhir à la forteresse de Concarneau. Son cœur est léger, libéré. Satisfait du travail terminé et bien fait.
Forteresse de Concarneau
Autrefois, il était marin, mais il a perdu trop d’amis pour ce travail qui rapportait de moins en moins.
Aujourd’hui, il vit de ses sculptures et elles lui rapportent cent fois plus et sans danger. Après chaque livraison, il se délecte d’un énorme plateau de fruits de mer. Il éprouve une véritable jouissance à chaque fois que l’iode inonde sa bouche. Cela lui rappelle les vagues meurtrières qui fouettaient son visage lors des tempêtes et tentaient de le jeter par-dessus bord.
Oui, la violence de la mer lui manque… les copains du chalutier aussi, mais aujourd’hui, il n’appréhende plus les départs en mer lors des gros temps et surtout chaque soir, lorsqu’il rentre à la maison, il retrouve avec bonheur la chaleur de son foyer, la tendresse de sa femme et l’amour incommensurable de ses deux petiots.
Maridan lundi 7/10/2019
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