Maridan-Gyres

ORCHIDOCLASTE !!!! Je me souviens quand convoqué dans le bureau du proviseur il m’avait sorti ça sur un ton méprisant ! J’avais failli lui répondre vertement moi aussi, mais je m’étais retenu juste à tant ! « Mise à pied » du lycée 3 jours ! Sans parler de mes parents qui m’avaient également pourri la vie... plus de sortie avec les copains, plus d’ordi et de télé dans ma chambre.

Pour mes recherches je me servais de l’ordinateur familial dans la grande pièce à vivre et j’étais autorisé à aller au judo avec NOTAMMENT un temps de trajet pour le retour à la maison calculé à la minute prête !!!

Le voyage en ANGLETERRE que je devais effectuer aux vacances de Pâques avec ma petite amie , pareil… zappé ! Imaginez un jeune homme de 17 ans TREPIDANT, toujours prêt à s’amuser, faire la fête avec les copains, sa petite amie qui se retrouve du jour au lendemain « en cage » ! J’enrageais, fulminait en voulait à la terre entière, mais surtout pas à moi-même !

Et puis ma prof principale de biologie Mme Equin Bertille qui… portait bien son nom – un corps parfait, toujours habillée de façon élégante, mais qui avait la mâchoire en avant et les dents longues - m’avait proposé un marché. Le proviseur souhaitait mettre de l’ ordre dans les archives de la bibliothèque – faire du tri, mettre en cartons certains documents.

Elle avait pu convaincre mes parents de lever la sanction du voyage en Angleterre si je me chargeais de cette tâche au lycée – une sorte de corvée d’intérêt général si je puis m’exprimer ainsi -. Le Proviseur avait ce projet en tête depuis un moment – sans trouver de volontaires ! Il me fallait faire un inventaire des vieux documents, certains seraient archivés en cartons, d’autres numérisés d’après des instructions précises. J’avais besoin de ce séjour non seulement pour améliorer mon Anglais, cours le matin, visites l’après-midi, mais pour valider le compte rendu que je devais rendre et qui comptait pour le bac. Ma prof ajouta qu’elle me laissait deux jours pour peser le pour et le contre et lui donner une réponse.

C’eut été un euphémisme de dire que j’étais ATTIRE par cette proposition mais je bouillais d’être enfermé dans cet emploi du temps chronométré. DECRYPTER des vieux papiers jaunis ne me plaisait pas – avoir les mains pleines de poussières, mais comme cela se ferait hors des cours bien sûr et que cela me donnait du lest pour ne pas être bloqué chez moi... j’eus vite fait d’accepter cette option, en espérant que Marjorie me rejoindrait pour m’aider un peu, beaucoup. Ma petite amie était une bonne âme.

En soit c’était déjà une petite REVOLUTION que mon père ait plié et je me demandais quels arguments Mme Equin avait pu lui présenter... peut-être le fait d’ APPRENDRE de nouvelles choses, la discipline aussi…. ????

Je me suis souvenu du jour où elle était montée sur une PLATE-FORME ou une estrade c’est selon dans le hall du collège et où elle avait fait un tollé. Tout le monde s’était tu : elle nous avait pondu un discours sur le harcèlement en général, les dérives et le mal que cela pouvait occasionner. Elle avait trouvé les bons mots, la bonne intonation... alors dire qu’il n’y avait plus de problème à St Exupéry était exagéré, mais elle savait toujours nous porter une oreille attentive et sans jugement si nous avions un souci. Elle était tout à la fois une prof excellente, pédagogue et à l’écoute.

Finalement, ce travail d’intérêt général m’avait permis de trouver de vieilles planches sur les plantes, les fleurs et à l’aube de mes trente ans j’étais devenu expert en orchidées, j’en créais même de nouvelles par croisements.

C’est vrai que quand le vieux schnok de Proviseur m’avait traité d’orchidoclaste, j’avais cru, sur le moment, que c’était un expert en orchidées... finalement d’une certaine façon lui aussi avait participé à ma passion.

Lostris le 6/11/2024