Atelier 16 - 2023 - Sujets 1 et 4
Ma couche est fripée, humide, elle ne sent pas très bon. Aux premiers rayons du soleil ce matin, ma truffe si délicate m’a intimé l’ordre d’aller gambader vers d’autres contrées. J’ai lapé quelques rares traces d’eau qui humidifiait ma gamelle, suis resté estomaqué devant le vide abyssal de mon bol de croquettes. Ma sorcière de maitresse a encore fait la fête toute la nuit comme la plupart du temps d’ailleurs, et une fois de plus elle a oublié ma corbeille sur la terrasse, et ne l’a rentrée qu’après l’averse de cet après-midi !
Pouah !
Là, elle dort et ce jusqu’à midi peut être ! Voire plus !
Je pousse la porte qu’elle a oublié de verrouiller, et je pars d’un pas lourd sur le trottoir en direction du centre du village. Mon poil poisseux me dégoûte un peu. Je vais faire un petit tour dans la rivière afin de me rafraichir pour chasser cette odeur pestilentielle.
Là j’ai trouvé quelques os, mais pas de quoi me rassasier.
Puis je retourne sur la place où le marché se termine et je vais quémander quelques morceaux au pizzaiolo qui range son camion.
Ma maitresse a dû en vider des fioles de ce breuvage qui fait des ravages, et qui donne à son cœur la sensation d’un brasier incandescent et des certitudes de bonheur sur terre !
Je vais trainer jusqu’au soir, peut être trouverai-je un être humain qui saura me donner un peu d’affection à moi qui en ai tant à partager.
Pourtant, si elle ne fréquentait pas ses cruches de compagnons d’infortune, elle pourrait retrouver le bonheur simple et vrai, naturel et bienveillant au sein d’un foyer évidemment plus calme et apaisant.
Rassasié je déambule dans le parc où les enfants jouent sur les manèges. L’un d’entre eux me voyant triste vient me caresser et ses petites mains s’enfoncent dans mon pelage bien lavé. Ses yeux sont plein de tendresse. Je ne peux lui confier ma peine.
Mais l’heure tourne, et je vais devoir rejoindre la maison sinon ma maitresse va me punir.
Le petit garçon ne veut pas me quitter, il trépigne lorsque sa mère lui demande de me laisser partir. Il pleure.
Je suis triste, pour lui, pour moi car je mène une sacrée vie de chien !
Shunt 2023.10.11.
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