Maridan-Gyres

Je traverse la passerelle et me retrouve sur la presqu’île entre mer et lagune au milieu des étangs. Le silence est roi uniquement perturbé par quelques cris de mouettes se disputant un banc de poissons.

Seuls les piétons et les cyclistes ont accès à ce petit paradis naturel. Le sentier invite à un voyage des sens traversant vignes et prairies fleuries.

Nichée au centre de l’îlot, surgit soudain la majestueuse cathédrale. Passé le portail sculpté, mes yeux s’habituent à l’obscurité et découvrent une très belle nef voûtée. Son sol est tapissé de pierres tombales. La lumière est tamisée, douce.

Je grimpe un long escalier étroit quand soudain sa voix s’élève. Tétanisée, je marque un temps d’arrêt. Les battements de mon coeur s’accélèrent. Un frisson parcourt ma nuque et descend le long de mon dos. Sa voix chauffe et s’affirme, ajoutant de l’intensité dans le chant.

Je finis mon ascension et accède à la tribune qui surplombe la nef. Elle est là, une belle brune à la fine silhouette. Sa voix monte crescendo. Ma gorge se serre. Les jambes coupées, je dois m’asseoir précipitamment, les larmes aux yeux.

Le lieu de recueillement se prête de façon magistrale à ce chant, l’acoustique est excellente. Je ferme les yeux de ravissement et savoure ce moment unique.

Comment une telle voix peut-elle émaner de ce corps si frêle ?

Le dernier vibrato retentit, le silence retombe, je peine à revenir sur terre. De timides applaudissements se font entendre et s’enhardissent. La chanteuse surprise sourit et salue son auditoire improvisé. Ce n’était qu’une répétition.

La musique est en moi, je me recueille face à la mer.

Cette visite accompagnée de ce concert imprévu restera gravée dans ma mémoire.

La Reinette