Atelier 16 - 2021 - sujet 4
Quelle journée !!
Emma
Je sors péniblement du lit. J’ouvre le frigidaire. Vide !!! Argh quelle galère !!! Qui pourrait s’y coller ?? Voyons…, euh, Rodolphe a une réunion importante, Nat une interro de math…. Zut c’est donc moi de corvée !!!
Je décide de faire une liste pour 15 jours et, hop c’est parti !
Oh flûte !!! Il pleut et j’ai oublié mon parapluie… j’arrive détrempée au supermarché, ce n’est décidément pas mon jour !! Je récupère un caddie qui évidemment ne roule que sur 3 roulettes. Méthodiquement, je remplis ce dernier qui très bientôt se met à pencher à tribord.
Voyons fruits, légumes, yaourts… ah fromages !! Mais… il est fada ce type, qu’est-ce qu’il fait ??? Un grand costaud ouvre toutes les boîtes à camembert, les tâte avec ses grosses paluches et laisse tout en plan !!!
« Pardon, monsieur, mais si tout le monde faisait comme vous, ce serait du propre !!! »
« Mais je ne vous ai pas sonné, mêlez-vous de ce qui vous regarde !!! »
M’énerve ce type !! Il est moche avec ses cheveux gras, ses grosses lunettes et son pardessus boutonné de travers.
« Si justement, vous avez vu ce bazar, vous pourriez penser aux autres !!! »
« Oh la coincée, tu me saoules. Tiens achètes du Kiri, fiches-moi la paix ». Il s’avance subitement vers moi en brandissant un camembert « Vous pourriez peut-être m…. ».
Le type est grand et carré, je n’en mène pas large, je n’écoute pas la fin de la phrase et tourne précipitamment les talons sans demander mon reste.
« Quel ours mal léché !!! » Un peu chamboulée, je mets le dernier article dans mon caddie toujours bancal et me dirige vers les caisses.
Avec ma chance habituelle, je choisis la mauvaise. La caissière prend tout son temps et raconte sa vie à qui veut l’entendre. La file ne diminue pas. Je sens la moutarde me monter au nez. Ce n’est pas vrai pia pia pia et pia pia pia, à ce rythme-là j’y suis encore demain !!!! Ni une, ni deux, je file sans regarder à la caisse d’à côté.
« Madame, pourriez-vous laissez passer la dame derrière vous ? ». Surprise, je me retourne et vois une petite mamie avec son panier. Je ne suis plus à une minute près. Je grimace un sourire. « Mais oui, je vous en prie ». Le prof de yoga a dit quoi déjà ? « Inspirez, expirez deux fois de suite ».
« Madame, la jeune femme derrière vous peut également passer ? »
« Quoi ??? » Mon sang ne fait qu’un tour. Enervée je m’en prends à la caissière « Mais bon sang de bois, vous avez vu mon caddie, vous voulez que je dorme ici ou quoi ??? »
Sans se démonter, cette dernière me montre alors une petite pancarte indiquant « Caisse prioritaire » et fait signe à la future maman de passer. Un peu honteuse, je finis enfin par récupérer mes courses et me traîne jusque chez moi harassée. Il pleut toujours !!!
Et qui va ranger maintenant ??? Le marathon de New York à côté c’est de la gnognotte…
Maurice
Maman est hospitalisée depuis quelques jours et doit rentrer chez elle cet après-midi. Je suis dans son appartement et elle me harcèle au téléphone.
« Maurice, tu as bien pris ce que j’ai noté sur la liste ; Titus a bien eu ses croquettes ? Tu ne t’es pas trompé, tu lui as bien pris celles au poisson, pas celles au bœuf, il déteste !! Tu as passé l’aspirateur ? » Et bla bla et bla ba….
Stressé, je récapitule, voyons appartement propre, courses bien rangées, le chat est nourri…
Quand soudain, « bon sang de bois, j’ai oublié son camembert, son fromage préféré qui doit être coulant. Pas intérêt à me tromper… « Pas du plâtre, Maurice, coulant… ».
Je n’ai pas eu le temps de mettre mes lentilles et porte mes vieilles lunettes, j’enfile à la hâte mon imper et sort. M…. Il pleut !!! J’arrive dégoulinant au supermarché au coin de la rue.
A quoi ça ressemble un camembert coulant ??? J’ouvre les boîtes et tâte les fromages. A droite, ceux qui semblent convenir, à gauche les autres.
Mais qu’est-ce qu’elle a cette grande sauterelle ??? Elle se racle la gorge, me tourne autour et me regarde d’un œil noir.
« Pardon, monsieur, mais si tout le monde faisait comme vous, ce serait du propre !! ».
M’agace cette nana, l’heure tourne et l’ambulance de maman va bientôt arriver.
Enervé : « Mais je ne vous ai pas sonné, mêlez-vous de ce qui vous regarde ».
Elle me regarde de la tête aux pieds d’un air dégoûté. Bon j’avoue mes cheveux mouillés donnent l’impression d’être gras, mes grosses lunettes font loupe et j’ai boutonné Pierre avec Paul dans ma précipitation. Elle me répond froidement. Mon sang ne fait qu’un tour et à peine poli je la traite de coincée et lui conseille de prendre du Kiri.
Puis une idée germe, elle peut peut-être m’aider, je m’avance vers elle brandissant un camembert pour lui demander si elle sait ce qu’est un camembert coulant. « Vous pourriez peut-être m’aider ? ».
Sidéré, je n’ai pas le temps de finir ma phrase que je la vois littéralement s’enfuir apparemment effrayée. Je suis vexé, je suis plutôt pas mal de ma personne d’habitude. Elle n’est pas terrible non plus cette nana avec ses cheveux mouillés tout raplapla, son blouson à pois et son caddie rempli à ras bord.
Mon téléphone sonne. « Maurice, tu es à la maison ? »
« Oui, oui maman, je t’attends ».
Je prends le premier camembert sur la pile de droite, remets le reste rapidement en place et me précipite à l’appartement. A peine le temps de ranger le camembert dans le frigo que l’ambulance se gare en bas de l’immeuble. Ouf !
Le téléphone sonne « Maurice… ».
La Reinette.
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