Atelier 16 - 2019 - 6ème sujet
J'ai froid mon corps tremble, j’entends plein de voix autour de moi. Je ne reconnais aucune d'elles ! Je ne sens plus mon corps, il me lâche…
Illustration de l'extraordinaire Lee Jeffries
Découvrez son talent ici : Lee Jeffries
J'ai voulu m’émanciper , être une adulte avant l’heure, je n’avais pas le choix. La tante avait besoin d’aide pour nourrir tous ce monde. Elle nous a recueillis après le tremblement de terre… Elle avait déjà 4 bouches à nourrir, plus nous 4. La voisine lui a proposé de m'emmener avec elle faire le ménage dans cette maison étrange...
Papa, maman j’ai peur ! Votre enfant est devenu un immense vide, qui erre de chambre en chambre perdant son identité. Parmi ces hommes qui vous prennent qui vous jettent, l’enfant que vous avez temps chéris a rejoint les magdelonnettes. Je le confesse, pourquoi déjà ? je ne m'en souviens plus ! Mais, je le confesse, pour une réparation, pour tous les mômes que nous sommes devenus... des fantômes de chambre, en chambre et qu’on dévisage dans les rues…
Nous sommes celles que leurs maris viennent voir… Nous avons des prénoms, une mère et un père aussi ! On n’a pas fait ce choix, des hommes et des femmes l’ont fait pour nous… On a été forcés.
Quel père voudrait se débarrasser de sa fille ? Aucun père ! Quelle mère souhaiterait un tel métier pour sa fille ? Aucune mère ! Je crois... que je m’appelle Irina ! Je ne suis plus sûre que ce soit bien mon prénom, c’est juste un doux murmure qui me revient dans le noir pendant que j’attends qu’il se retire de moi.
Une jolie voix qui murmure : "sois forte Irina". Alors je reste forte, je ne pleure jamais... aucune larme ! je partirai de cette maison vivante ou morte. J’ai juste voulu gagner un peu d’argent pour mes frères... voilà 5 ans déjà... Balayer la cour, attendre de faire les lits après qu’ils aient fait leurs petites affaires comme disait la patronne…
J’ai juste eu le malheur de croiser son regard… d’habitude, ils ne me regardaient même pas ! ils passaient sans aucun salut... ils pressaient le pas… j’étais invisible à leurs yeux…
Avant même que je réalise, je me suis retrouvée dans ce lit… On m'a dit ce que je devais faire… Prise dans une abatture, j’ai rendu coup sur coup jusqu’à ce que mes forces me lâchent … J’ai eu droit à une dariole que j'ai jetée au visage de la patronne. Elle a bien ri en me donnant une claque et en me disant :
"je ne veux pas abîmer un si joli visage qui va me rapporter gros. A partir d' aujourd’hui , ce sera ton nouveau boulot…"
Elle a ajouté que je lui appartenais, elle m’a achetée pour belle somme.
Un soir, un sacripant m' a tellement battue que j'ai réussi à sortir de cette maison, oui. J’ai fini par sortir de cette prison !
Jetée dans la rue, mon corps meurt de froid dans le plus grand silence.
Karima
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