Atelier 15 - 2023 - Sujet 3 - 3)
Une situation, 3 protagonistes
La barque Vanessa arrimée au bord de l’étang.
Protagoniste 1 : le monsieur et son chien
- Venez vite, monsieur le commissaire, il se passe quelque chose de grave et d’étrange à la fois. Dit le vieil homme rouge et essoufflé entrant précipitamment dans le bureau de Marcel Delval.
- Vous ne l’ignorez pas monsieur le divisionnaire le matin très tôt, je promène Cyrus et je le détache près de l’eau, oui oui ! Je sais, monsieur le commissaire, je veille à ce qu’il ne fasse pas ses besoins sur la plage.
- Mais écoutez-moi je vous en prie. Dit monsieur Lagarde en s’affalant sur la chaise près de la fenêtre.
- Donc je vois Cyrus qui s’approche de la barque celle qui vous appartient commissaire et que vous avez baptisée Vanessa en souvenir de votre défunte épouse. Il geint, veux grimper à l’intérieur, je le retiens, je tente de le calmer et c’est là monsieur Delval, que j’aperçois le corps allongé au fond de l’embarcation.
À ce moment précis de son récit le vieil homme remarqua Cyrus renifler avec insistance les vêtements du policier, le chien tenait dans sa gueule un bout d’étoffe fleurie.
Le flic sourit et posa sa main sur la tête du Berger australien.
Protagoniste 2 : Maridan
Elle avait soigneusement préparé son matériel, presque comme pour un rdv amoureux... s’en était un d’une certaine manière. Son amoureuse, sa séductrice, sa passion était un coin de nature, un lieu secret de l’étang bien à l’abri des touristes et des curieux. Dans ce lieu enchanteur elle allait retrouver précisément Vanessa une petite barque blanche.
Sur un de ses flancs en lettres bleu turquoise était écrit ce prénom. La modeste embarcation était amarrée solidement et ses reflets dans l’eau redoublaient le plaisir que Maridan prenait à ce tête à tête.
Les mois précédents avaient été douloureux, sa maladie lui avait laissé peu de répit, elle avait accumulé tant d’énergies négatives.
Mais à nouveau, elle le sentait, elle était dans une joie créatrice. Elle allait déposer de la matière brute sur une toile vierge et se serait comme si tout redevenait possible.
Observer la nature, respirer avec elle nous rend humain, on peut transmettre un peu de cette humanité avec des couleurs, des pinceaux et de l’amour, en tout cas, elle, était prête pour ce partage.
Protagoniste 3 : Tom.
La blessure était grave, elle avait traversé le poumon droit, le jeune Irlandais saignait abondamment, il gisait au fond de la barque. Il était allongé sur le dos, Vanessa la petite embarcation comme un berceau primitif se balançait tentant de consoler Tom, de soulager sa douleur et son chagrin.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, mais il se souvenait de son amour Christina « no passaran » (ils ne passeront pas) chantait-elle le poing levé, un large foulard rouge entourait ses cheveux noir brillant, une ceinture de munition barrait sa poitrine séparant ses seins magnifiques.
Elle arrivait de Suède pour combattre comme lui, engagés tout deux dans les brigades internationales avec des milliers d’autres étrangers de cinquante nationalités venues du monde entier soutenir la jeune république espagnole, ils combattaient avec fierté au côté d’André Malraux, d’Ernest Hemingway.
Les combats près de la frontière contre les troupes du General Franco avaient été d’une violence inouïe, les arrestations qui suivirent avaient séparés les amants. Tom fut envoyé au camp d’Argeles sur Mer avec ses camarades du bataillon Sakvalta et plusieurs centaines de républicains espagnols.
A la faveur de la nuit il décida de fuir le camp, de chercher Christina. Les barbelés n’étaient pas encore parfaitement posés alentour de cette prison à ciel ouvert. Nous étions en février un vent mauvais et glacial pénétrait, transperçait les vêtements crasseux et troués du jeune résistant. Au petit matin il parvint près de l’étang.
Il entendait derrière lui de plus en plus près les hurlements des gardiens, les chiens hargneux.
Il cessa net sa course quand une fulgurante douleur irradia son dos.
Il réunit ses dernières forces et à reculons se laissa tomber au fond du modeste bateau. Le vent s’était calmé, la douceur des rayons du soleil matinal caressa les joues du jeune homme, il sourit et ferma les yeux.
Ivoleine
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