Atelier 15 - 2020 - sujet 2
J’ai toujours aimé cet instant impalpable où la conscience bascule délicieusement vers le sommeil. C’est précisément là, dans cette parenthèse incertaine, que se rejouent les émotions avec lenteur et apaisement.
Les contrariétés du jour paraissent bien insignifiantes. L’amertume qu’elles ont instillée dans nos pensées se dilue peu à peu. Espoirs déçus et jalousies mesquines se dissipent dans un halo engourdissant de sentiments contradictoires.
Oui, j’aime ce moment si particulier qui me transporte du réel au monde onirique de la nuit, m’apaise et m’envoûte dans les volutes de la nuit.
Certaines émotions, au contraire, resurgissent avec une intensité décuplée. Comme ce baiser donné qui nous revient sous les traits d’un bonheur précieux, ou la caresse de cette femme venue me visiter et que je n’ai pas su reconnaître.
Les pilules que m’administrent les médecins du service de gériatrie m’éloignent de ma propre réalité et les heures qui filent me renvoient à l’ignorance de ma propre personne et de ceux que j’aime.
Mais la nuit, pendant mon sommeil, détachée de mon corps, je retrouve mes désirs et ma liberté.
Batavia
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