Maridan-Gyres

Début de l’histoire : ICI

Bien sûr, Carwenn avait immédiatement reconnu le jeune homme quand elle l’avait vu pour la première au Palais des Anges et la conversation surprise à son réveil, juste après son sauvetage, lui était revenue aussitôt en mémoire.

Elle brûlait d’envie de lui poser des questions, d’en savoir plus mais depuis son arrivée ici, elle avait appris à maîtriser – en partie – son impatience, ses émotions, et….un peu son côté rebelle. De temps en temps un « petit grain de sable » – comme elle le surnommait – remettait tout en question mais elle savait très vite lui «barrer la route» et l’empêcher de retrouver son « intranquilité d’esprit ».

Elle se doutait qu’en se montrant curieuse, pressée elle n’obtiendrait aucune réponse.

Un peu plus âgé qu’elle, bel homme au visage fin, mais déterminé, mince, musclé, elle prenait plaisir à le côtoyer, apprenait à le connaître et pensait bien que lui aussi pratiquait de même.

Carwenn avait également tenté d’en savoir plus en questionnant les jeunes femmes qui l’avaient accueillie, mais rien ne filtrait comme si un mystère «planait» sur Otho.

Elle avait toujours aimé écrire, une façon de s’évader, un moment où ses pensées étaient tenues à l’écart, en «laisse»...donc cette idée d’animer un atelier lui était venue naturellement en espérant qu’Otho serait l’un des participants ce qui ne manquât pas.

Et ce jour, bonheur ! ils s’étaient retrouvés seuls et il lui avait donné sa prose à lire… intuitivement, elle savait qu’il y avait du réel dans ce récit, mais jusqu’à quel point ? Lui faisait-il confiance ?

Otho - « Viens je t’emmène dans un endroit que tu n’as surement pas encore vu » .

Tous donc longèrent l’un des potagers où poussaient des cucurbitacées, passèrent devant le petit étang et le traversèrent sur la gauche où il était plus étroit et s’engagèrent sur un petit pont style chinois.

C’est ainsi que leur pas les portèrent devant un mur très haut, fermé en son centre par une jolie porte en bois usée mais où subsistaient des sculptures de dragons, un bestiaire féerique... Carwenn ne put s’empêcher de marquer de la surprise. Ils n’étaient pas loin des bâtiments principaux, mais elle n’avait jamais fait attention, ni vu ce coin de l’immense parc du Palais.

C’est alors que les portes s’ouvrirent seules et en les passant, elle eut l’impression de rentrer dans un monde à part, un havre de paix si cela était encore « plus possible ».

Devant elle, s’étalaient des arbres de toutes espèces merveilleusement agencés, des massifs d’hortensias immenses d’un bleu outremer, des nénuphars de toutes tailles dans des tonneaux en bois plus ou moins grands.

Un bassin où nageaient nonchalamment des carpes Koï. Ça et là des bancs en bois dans des niches de verdure, des petites tables en fer forgées avec leurs chaises assorties… Un hamac tendu entre deux arbres. Tout ici invitait à la détente, la rêverie, la méditation….

Otho la regardât amusé devant ses yeux émerveillés, elle avait perdu sa voix et l’on aurait dit une gamine de huit ans découvrant un paradis enchanté...Et finalement c’était ça !

Lostris 14/09/24