Maridan-Gyres

Lors d’une promenade, je vois une porte entrouverte. Je glisse un œil et découvre une arrière cour luxuriante.

Charmée, je me glisse dans l'entrebâillement et sur la pointe des pieds je m’enhardis à l’intérieur.

La richesse exubérante et foisonnante des plantes et feuillages entrelacés s’offrent à mes yeux éblouis. De grands arbres centenaires penchent leur tête de patriarches vers des espèces végétales plus modestes : bambous sacrés, fusains, érables…. Tout ce petit monde végétal vit en parfaite osmose et se sublime les uns les autres.

Ce tableau vivant constitué de formes et de couleurs variés décline des teintes de vert à l’infini et frissonne doucement sous le léger souffle du vent. Quelques touches de couleurs (rhododendrons, fuchsias, hydrangeas) ici et là égaient le tie and dye végétal.

Tout à coup, dans cet écrin de verdure, je t’aperçois.  Perchée sur un piédestal, tu m’ignores, absorbée dans la contemplation d’une pomme serrée dans ta main. Ton autre main tient de façon nonchalante ta tunique.

Sors-tu du bain ?

Ton corps aux formes sensuelles et voluptueuses dégage une grâce infinie. Tu me fais penser aux statues de Praxitèle avec tes épaules étroites, ton ventre arrondi, ta hanche languissante arquée, tes bras et jambes potelés. Les traits de ton visage finement ciselés sont d’une grande douceur. Tes cheveux longs tressés sont réunis en couronne sur le sommet de ta tête.

En hommage à ta beauté, une jardinière d’impatiences de Guinée d’un rose tendre est déposée à tes pieds en offrande.

Derrière toi un hydrangea aux fleurs blanches vaporeuses loin de te nuire met en valeur ta blancheur d'albâtre.

Arbres et plantes rendent grâce à ta beauté intemporelle. Ils t’entourent sans t’envahir. Je reste longtemps à te contempler puis doucement je recule et te laisse dans ton Eden vert.

Je promets de revenir.

Je repasse la porte et retrouve le tumulte de la rue.

La Reinette