Maridan-Gyres

J'aimais me promener dans ce parc, m'y asseoir, me fondre dans le décor pour passer inaperçu et observer. J'étais là depuis un moment assis au pied d'un arbre quand j'ai vu cet homme au complet et chapeau noir, posé sur un banc et appuyé sur sa canne comme s'il portait le fardeau du monde, la tête penchée en avant et ne bougeant pas tel une statue.

Ce n'était pas la première fois que je le voyais et j'avoue qu'il m'intriguait, il choisissait habituellement un endroit plus verdoyant où se poser. Là, le parc était nu sans arbres, sans verdures et le siège placé sur un genre d'estrade en pierre, peu de personne s'y installait. L'endroit empestait la désolation, la solitude. 

En le fixant les yeux mi fermés , il m'est facile de me connecter à son esprit, le futur pour lui n'est que ville en béton , immeubles immenses , plus d'espaces verts , d'arbres, de végétaux, tout n'est que ciment, les rues faites de dalles, le soleil n'est plus éclatant mais d'un rouge sombre qui se consume et s'altère au fil des jours et des mois, s'amenuise. Les gens ne sourient plus, tous sont obnubilés par leur travail et ne passent plus de temps ensemble. Les couples se font par une centrale qui met en relation l'homme et la femme qui ont toutes les chances de faire un enfant et un seul avec les meilleures options pour qu'il serve ensuite la communauté. Un monde apocalyptique comme on espère qu'il n'arrivera pas, contrôlé par une machine.

En tant que félin, j'ai une autre vision que je lui transmet, une forêt avec des arbres immenses où des maisons abriteront des êtres humains de toutes sortes , présents les uns pour les autres en relation avec les animaux, la nature. Conscients qu'il faut la protéger pour vivre heureux et du mieux possible. Je le vois sourire, lever la tête et regarder dans ma direction, le message est passé et peut-être , je l'espère, gardera-t-il espoir....

Lostris