Atelier 13 - 2024 - Sujet 9
Vieillir.
Accepter de comprendre enfin
Que le temps passé
Ne reviendra plus.
Accepter d’entrevoir le bout du chemin.
Accepter que les heures martelées
Par la comtoise ventrue,
Soient anéanties,
Avant d’avoir vécues leur vie.
Accepter que la somme des jours passés
Ait remodelé du corps le galbe merveilleux,
Fanée la couleur de la prunelle des yeux,
Plissée la peau du cou tendre et fripon,
Destination irrémédiable du sent bon.
Epaissis à ravir les bras généreux,
Enveloppé d’un confortable bourrelet
L’être dans son entièreté.
Teintée de tâches de thé
La fine peau des mains,
Tressés dans les cheveux des fils de lin,
Rendu l’acte plus dur
De lacer ses chaussures.
Et le cœur dans tout ça ?
Lui au moins ne change pas !
Il aime comme jamais,
Il se fout du passé,
Il grignote tel un être affamé
Les bribes de bonheur
Comme un collectionneur.
Il vit à cent à l’heure,
Du futur il n’a pas peur.
C’est un havre de douceur
N’éprouve aucune rancœur.
Dans toute sa candeur,
Il ignore les pires douleurs,
Tel un grand seigneur.
Shunt 2024.07.31
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