Maridan-Gyres

Le fondement de mon métier l’éthique, la base : la recherche de la vérité en me basant sur des indices, des choses réelles et jusque là, j’ai plutôt bien réussi. Parcours sans faute s’il s’en faut, loué par mes supérieurs, apprécié de mes collègues.

Victor en était là de ses réflexions, mais ça c’était avant… avant qu’il «bascule», qu’il franchisse la ligne rouge. Il ne se reconnaissait plus !

Il se sentait déconcerté et il savait que tôt ou tard l’assemblée de ses pairs le «délogerait» comme ils se plaisaient à le dire dans leur jargon en parlant d’appréhender un suspect.

Il aurait beau affirmer qu’il n’avait rien vu venir, personne ne le croirait et cet argument ne serait pas vendeur même entre les mains de son avocat. Il ferait bien d’ailleurs d’y penser, de prendre les devants et de réfléchir à qui pourrait assurer au mieux sa défense.

Tout avait commencé un mois plus tôt quand Ilhène Cassidi avait téléphoné au standard de la gendarmerie pour dire qu’elle venait de tuer son compagnon.

Victor et Charles - l’un des binômes d’enquêteurs - s’étaient rendu sur place, dans un pavillon luxueux du quartier de l’Isle Saint Auban. La jeune trentenaire le visage tuméfié, la lèvre inférieure fendue, des bleus sur les bras et les jambes en état de choc était assise dans la cuisine son téléphone à la main, un couteau à manche en ivoire ensanglanté posé à côté d’elle. Le corps sans vie d'un homme baignant dans une flaque de sang tout à côté.

Il fallait entendre le témoignage de la femme mais avant cela l’urgence avait été d’appeler une ambulance et de la transférer au SAMU.

L’identité de l’homme Marc Bolivares était un pseudo, en fait il s’agissait d’un vendeur de drogue qui avait fait de la prison à plusieurs reprises. Il était d’ailleurs sorti d’incarcération peu de temps auparavant, mais depuis quelques temps il était monté de plusieurs crans dans le domaine du trafic de stupéfiants.

Pas vraiment une bonne fortune pour nous, car il serait difficile de remonter le réseau.

Chargé d’aller interroger la victime au centre hospitalier, après m’être renseigné sur les numéros d’étage et de chambre, quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver Léna… c’est le nom qu’elle m’avait donné quand deux mois plus tôt, j’avais fait sa rencontre dans une boîte de nuit.

Mon visage avait tiqué, mais je m’étais vite repris en la voyant esquisser un sourire qui ressemblait dans l’immédiat plus à une grimace.

Je vérifiai que j’avais bien fermée la porte de la pièce.

« C’est quoi ce cirque, tu vas m’expliquer ? »

« Tu comprendras très vite quand tes collègues auront versée au dossier l’arme du crime ».

« En fait, tu m’as piégé ! Espèce de…. »

« Trop tard, pas la peine de m’insulter, tu vas avoir du mal à te tirer d’affaire et tu peux compter sur moi pour t’enfoncer. D’ailleurs, je vais demander à parler à un autre de tes collègues ! »

Lostris – 18/07/24