Maridan-Gyres

Atelier 13 – sujet 5 – texte libre

Le mur et le curieux

C’est une petite rue en pente, d’un côté des ateliers d’artistes, et des habitations aux fenêtres animées au-dessus. De l’autre côté un mur nu, d’un blanc-grisâtre, triste qui s’ennuie.
Ce petit mur regarde avec envie son voisin d’en face où il voit des passants qui s’arrêtent, regardent les vitrines, mais personne ne tourne la tête pour le regarder. Et pourtant il aimerait que l’on s’arrête devant lui.
Il lui vient alors une idée qu’il s’empresse de mettre à exécution. Fournissant un très gros effort il prend une grande inspiration puis expire le plus fort possible créant ainsi un trou dans le mur.
Il se dit que quelqu’un sera peut-être intrigué par cette ouverture.
En effet, au bout de quelques temps, un passant un plus attentif remarque cette béance incongrue. Curieux, il s’approche et passe la tête pour voir ce qui se cache derrière ce trou.
Tout heureux de voir qu’enfin quelqu’un s’intéresse à lui, le mur aussitôt reprend sa grande inspiration et referme l’ouverture. Voilà donc notre curieux coincé par la moitié de son corps, l’avant à l’intérieur et les jambes gigotantes dehors !
Depuis ce jour, les curieux se pressent pour voir cette incongruité. Notre mur est tout heureux de ces visites et se sent bien moins isolé et triste dans cette petite rue.
Malgré tout, il s’inquiète pour son nouveau compagnon qui lui semble bien seul sur cette façade et qui peut-être aimerait de la compagnie. Il réfléchit donc à réitérer sa performance pour attirer un autre curieux, ce qui amènera encore plus de visiteurs. Il réfléchit donc au meilleur emplacement et à la meilleure période pour le faire.
Gare donc au futur curieux qui voudra passer la tête dans la prochaine ouverture !!

Pivoine