Atelier 13 - 2019 - sujet 3
Sujet n° 3 — S’imaginer sur un chemin
Chemin Fais ’Art
Chapdes-Beaufort, petit village des Combrailles dans le Puy-De-Dôme. Approchez-vous ! Le Chemin Fais ‘Art vous attend ! Ce site invite à la découverte et à la méditation. Dominé par le Puy de Beaufort qui culmine à 886 m, il constitue un lieu d’art et de culture en harmonie avec la nature où j’aime particulièrement flâner.
D’abord fermer les yeux et laisser mes autres sens faire leur travail. Ce sont mes oreilles qui me livrent les secrets du lieu. Dans la hêtraie nichent merles, geais, bouvreuils et bergeronnettes. Leurs chants mêlés inondent le ciel azuré de ce dimanche de printemps. Plus loin, la prairie offre son espace verdoyant au vol stationnaire des buses et des milans en quête d’une proie sur laquelle fondre sans appel. Leurs cris aigus signalent leur présence. Enfin, le ruisseau de l’Auzelle et sa cascade offrent une musique acidulée et rassurante aux promeneurs soucieux de fuir la fébrilité urbaine et la course effrénée du quotidien.
Depuis près de vingt ans, la balade déambule au gré de dizaines de sculptures monumentales contemporaines, en pierre de lave, imaginées et conçues par Gilles PÉREZ. Les yeux ne peuvent plus être fermés ici car ils manqueraient une grande variété d’arbres surprenants et atypiques, des bosquets mystérieux et des fleurs arc-en-ciélées.
À chacune de mes venues ici et au gré de mes pas, je prends un plaisir sans cesse renouvelé à plonger dans un univers fantaisiste imprévisible. Ici une culture gigantesque figurant une pince à sucre, là un dôme de pierre tressé, là encore un basilic qui invite à jouer dans ses anneaux. Ce sont les noms que j’ai donnés à ces silhouettes aussi massives que longilignes car le sculpteur lui-même a décidé de ne pas les baptiser, préférant laisser le promeneur donner libre cours à son imagination.
La pierre de lave vit et respire sous mes doigts. Elle me raconte cette terre d’Auvergne, mère nourricière de près de quatre-vingt volcans qui bénéficient aujourd’hui d’une aura internationale. L’UNICEF est passée par là ! Cela ne change rien car attachée à cette terre, à ce sol, j’y reviens très régulièrement pour me ressourcer, me reconnecter à l’essentiel : la pureté, la beauté, la simplicité. Mes doigts courent sur la pierre, une brise légère m’effleure le visage tandis que le soleil essaie de se frayer un passage parmi les branches feuillues.
Les éléments se sont donnés rendez-vous pour m’emmener haut, très haut… Je me sens soudain devenir rapace, survolant ce lieu insolite et mystérieux. Je le couve et le protège de mes ailes déployées sur lesquelles le vent glisse dans un léger bruissement. Je suis libre.
© Ouvrez les Guillemets 63 – 07.06.19
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