Maridan-Gyres

Un rayon de soleil filtre à travers mes volets et vient chatouiller  mon visage qui émerge de la  couette.

C’est trop tentant ! Je repousse avec vigueur mes draps et saute dans mon jogging en direction du lac du village, à deux pas de chez moi.
Réveillés à l’aube, les oiseaux s’en donnent à cœur joie, m’offrant un concert charmant.
Encore enrobée de l’humidité nocturne, l’herbe tendre me fait un tapis d’une douceur exquise.

Le nez au vent, je parcours les deux kilomètres qui ceinturent le lac.
Les buissons en fleurs très odorants embaument l’air encore frais et vivifiant.
Mes pas impatients me conduisent inévitablement sur le ponton réservé aux pêcheurs.
M’asseyant sur le bois rugueux, je laisse pendre mes jambes au-dessus de l’eau.
Le soleil qui frappait tout à l’heure mon volet,  caresse maintenant le dos du lac calme et quasiment immobile. 

Délicatement. Les arbres à la silhouette allongée par les rayons encore bas se mirent dans le lac. C’est beau. Je laisse un instant mes paupières closes, laissant éclater mes souvenirs.
Dans ma tête, ils s’éveillent au rythme du  balancement lent de mes pieds  dessinant sur l’eau de  petites  vagues. Je revois mon petit dernier faisant ses débuts en pécheur au gardon, maitrisant une patience d’ange pour refaire les nœuds à son fil de pêche.
Je revois aussi  mes aînés s’entraîner à la course à pied, enchainant les « tours de lac » dans un suivi scrupuleux. Je revois les gouters gourmands à l’ombre des saules pleureurs majestueux, l’impertinence des oies blanches et grises venant picorer les croutons qu’on leur rapportait, l’envolée subite des palmipèdes  apeurés par des promeneurs bruyants. Ce lac est pour moi une source de souvenirs.
 Il est aussi, à ce jour, la promenade idéale et très fréquentée de tous les gens qui, tout comme moi,  ont plus de souvenirs que d’avenir et il est un témoin des jours heureux leur offrant un écrin vivant.

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