Maridan-Gyres

« Ian enfonça les mains dans ses poches et parcourut le quai désert d’un mauvais œil »

Enervé, il donna un coup de pied dans une poubelle décrochée de son socle et envoya valdinguer un tas de gobelets, d’emballages, de papiers froissés et chercha son portable dans sa poche. Il avait dû le laisser dans sa voiture. Colère, énervement tout se mêlait, elle avait promis de le rejoindre.

Une fois dans son véhicule et après consultation de son mobile, il s’avéra qu’elle avait laissé un message. Un appel des parents d’Horacio lui demandait de passer le voir à l’hôpital, il le réclamait.

Encore et toujours, se dit-il, elle faisait passer les autres avant elle, avant LUI.

Il se remémora leur rencontre il y a environ 8 mois, il était allé déjeuner dans un self avant de se rendre au centre de radiologie où le système informatique c’était totalement « planté ». Alors qu’il venait de déposer son plateau et se retournait, il avait heurté cette jeune femme atypique et le contenu de son assiette c’était déversé sur sa robe y laissant des traces de sauce tomate….

Il s’était confondu en excuses et lui expliquant le motif de sa précipitation, il avait réussi à lui arracher son numéro de portable pour lui offrir un verre et se dédouaner en lui promettant de régler le teinturier.

Toutes ses relations féminines dans ce cas de figure l’auraient traité de tous les noms d’oiseaux ! Elle non, elle lui avait dit qu’il y avait des choses beaucoup plus graves. Petite, toute menue dans sa longue robe en crépon, ses dreadlocks relevés en un haut chignon, son visage fin avec de jolies lèvres rosées, elle l’avait « subjugué ». Lui qui ne sortait qu’avec des jeunes femmes style bon chic bon genre, cela le surprenait. Elle rayonnait et il ne cessa de penser à elle tout l’après-midi et de ce fait mis plus de temps dans son dépannage. Son esprit vagabondait et revenait sans cesse à cette apparition.

RDV pris, il s’avéra qu’elle était psychologue pour enfants et œuvrait, à côté,  dans un hôpital en art thérapie de façon bénévole pour leur offrir une petite part de rêve quand ils étaient hospitalisés pour de long séjour et des traitements difficiles. Son métier s’était imposé à elle comme une évidence alors qu’enfant sa petite sœur victime d’inceste de la part d’un proche avait mis fin à ses jours.

Séduit, il l’avait été plus encore, mais prenaient leur relation avec légèreté, sans contraintes  – lui, car il se remettait très mal d’une rupture et elle, car elle tenait à sa liberté et ne voulait pas de reproches si ses priorités l’a détournait des vacances ou autres -.

Plus le temps passait et plus il s’était dit qu’il n’avait qu’une envie être avec elle et tout ce pour quoi ils étaient d’accord auparavant lui apparaissait aujourd’hui comme absurde.

Il était en colère après ce petit garçon qui le privait d’elle, en colère après elle qui ne lui donnait pas la priorité….. ! De quel droit ????

Il attrapa son téléphone, composa le numéro et direct lui fit part de son mécontentement, de sa frustration. Gentiment, elle lui rappela ses priorités, son besoin de soulager  et il se mit à crier de plus belle !

«Mais sa voix en bout du fil n’était plus qu’un bip monotone et il sut qu’il l’avait perdue ! »

Lostris