Maridan-Gyres

Petite douceur sucrée

Ce matin, c'est bizarre, j'ai comme une envie folle

de prendre ma revanche et surtout d'oublier,

moi, piètre cuisinière, que même les casseroles

s'enfuient de ma cuisine dès que j'y mets les pieds !

Cessez de vous moquer, je me lance, c'est fou!

J' enfile un tablier, je relève le défi

de faire une Charlotte ou un Tiramisu,

un éclair au café ou même un clafoutis...

Je m'en vais aussitôt consulter les recettes

d'un livre de cuisine d'il y a fort longtemps

pour que mes premiers pas ne virent à la défaite

et que ma tentative puisse plaire aux gourmands.

Mais mes yeux ébahis dans ce précieux recueil

ne savent que choisir, et finalement... oust !

Je me décide enfin... ce sera un millefeuille !

Mon gâteau préféré, ma madeleine de Proust...!

Devenir pâtissier ne s'improvise pas

et je suis résolue de bien suivre à la lettre

de A à Z et même d'Alpha à Omega

les conseils éclairés d'un expert, d'un maître !

Voyons les ingrédients... du sucre et puis du lait,

une gousse de vanille, de la farine aussi,

une pâte feuilletée et quelques oeufs bien frais

un peu de chocolat pour un dessus joli...

En élève attentive je fais tout comme il faut,

et puis je prends plaisir à voir, et à toucher,

à humer la vanille plongée dans le lait chaud,

un doux parfum d'enfance enfin ressuscité !

Pour terminer, j'étale la crème sur trois étages

d'un geste malhabile mais délicatement

et enfin, au pinceau, je répands le glaçage

mêlé de chocolat pour un effet charmant.

Il y a une heure à peine je n'aurais jamais cru

avoir quelque talent en fine pâtisserie

mais l'idée d'essayer n'était pas incongrue

puisque mon millefeuille me parait réussi !

Mais est-il au palais délicieux et subtil ?...

Alors pour en juger j'en grignote un morceau

et tout à coup commence un voyage immobile

quand présent et passé se rejoignent en duo...

Je vais attendre un peu, ne pas crier victoire

même s'il me parait frôler la perfection...

J'attends l'avis d'un pro, d'un gourmet... C'est notoire,

un premier jet souvent n'est qu'un mauvais brouillon...

Alterego